Sans hésitation, avec exigence et ambition, je vote François Hollande. En tant que responsable écologiste, aux côtés d’Eva Joly sur les sujets de l’emploi, de la formation et de l’économie sociale et solidaire et membre du bureau national d’EELV, en tant que vice-président du conseil régional des Pays de la Loire et conseiller municipal de Nantes, je vote François Hollande.
Eva Joly et François Hollande à Nantes le 19 janvier 2012 (P. KOVARICK/AFP)
Il ne s’agit pas de simplement voler au secours de la victoire, posture très à la mode ces derniers jours… Mais de poser une attitude d’exigence, au service de mes convictions écologistes, et surtout au service de nos concitoyens.
Une nouvelle majorité politique
Je suis plus que jamais mobilisé afin de contribuer à construire la nouvelle majorité politique qui changera ce pays et lui permettra de relever les vrais défis de ce siècle.
Ces défis sont clairs et ils lient, dans le diagnostic comme dans les remèdes, l’écologie et le social. L’enjeu est aujourd’hui d’imposer dans le débat et dans l’action publique l’impératif de la construction d’un nouveau modèle de transformation sociale avec l’écologie au cœur. Un nouveau modèle qui nous permette de sortir du productivisme. Un nouveau modèle dans lequel les questions écologiques sont devenues des questions sociales.
Je prendrai trois exemples : le logement, les transports et le développement économique, où nos thèses ont déjà commencé à s’imposer, mais où il faut encore pousser les feux.
L’enjeu majeur du mal-logement dans notre pays passe par un plan d’action volontariste de construction et de rénovation, qui permettra à la fois de réduire la fracture sociale et la facture énergétique de leurs occupants – en priorité des plus démunis – de limiter l’impact environnemental de leurs consommations et de soutenir le secteur du bâtiment, invité ainsi à renouveler en profondeur ses métiers et ses perspectives.
Lié à ce premier enjeu, il y a le développement de solutions performantes de transport collectif. Il s’agit là également de porter une espérance de modes de vie plus respectueux de l’environnement et de soutenir en même temps une filière industrielle majeure. C’est la qualité de vie de nos concitoyens qui en bénéficiera, surtout si nous osons porter plus loin des modèles innovants, socialement et technologiquement, qui peuvent aller jusqu’à la gratuité totale pour les populations les plus modestes.
Côté économie et emploi, les deux exemples précédents en sont les premières illustrations : l’invention de nouveaux modèles de circuits courts de production et de consommation est une urgence. Préoccupés à la fois d’innovation, d’opposition au vieux modèle et de réponses aux besoins de la population et des territoires, il nous reste à explorer un vaste champ d’incitation au développement de filières économiques intelligentes qui ne s’opposent pas à l’industrie mais lui permettent de se régénérer, qui partagent le fruit du travail plutôt que de le laisser confisqué par quelques-uns. En cela, les secteurs de l’économie verte et de l’économie sociale et solidaire sont riches d’initiatives et de potentiels.
Il me semble donc crucial de réussir à développer et à appliquer des solutions opérationnelles qui changeront en profondeur notre société : sans donner de priorité à l’une ou à l’autre, il nous faut répondre en même temps à l’urgence environnementale et à l’urgence sociale. C’est un effort de longue haleine qu’il nous faut aujourd’hui (re)lancer, et je suis persuadé qu’une majorité composée de socialistes et d’écologistes, forte de toutes les composantes de la gauche, en a la capacité si elle en a l’ambition, si elle décide de s’en faire le devoir.
Désaccords
Porter cette sensibilité, et faire progresser nos thèses dans cette majorité nouvelle, promet certes de fameux débats – comme sur le nucléaire – et confrontations – comme l’illustrent nos désaccords sur la réalisation d’infrastructures que nous considérons inutiles comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.
Nous écologistes, qui avons choisi depuis une quinzaine d’années de mettre « les mains dans le cambouis » des exécutifs locaux et régionaux, n’en sommes pas effrayés. Nous y vivons au quotidien avec nos alliés dans ce que j’ai l’habitude de nommer la coopération conflictuelle. Et, contre tous les scepticismes que cela a pu déclencher, nous avons apporté la preuve de l’efficacité de la formule, sur la durée.
Le fil est certes tendu, il nous faut chaque jour éviter de tomber dans les pièges des plus radicaux comme dans ceux de la seule sujétion au plus fort, d’autant que les fortes bourrasques de la crise actuelle tendent à nous déséquilibrer. Mais la participation ambitieuse mais patiente, exigeante mais intelligente, à une majorité de gauche et écologiste, sociale et environnementale, nous offre des perspectives réalistes et pleines d’espoir.
Sans hésitation, mais avec une forte exigence, je vote François Hollande. Avec ambition, je vote pour une gauche rassemblée, unie dans sa diversité dont le cœur battant sera la social-écologie.
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