La conférence est programmée à 20h. Il est 19h30 et déjà les premiers auditeurs et auditrices, prévoyants-tes, arrivent… Les militants du groupe local ont installé une cinquantaine de chaises… La salle, une ancienne petite grange, en compte une centaine. Il est 19h45, déjà une trentaine de personnes présentes… Dehors une dizaine de militants opposés à l’aéroport de Notre Dame des Landes, distribuent des tracts pour la prochaine réunion publique d’information. D’un coup, telle une nuée les militants s’emparent des chaises empilées, agrandissent et triturent les rangées existantes.
Marc Dufumier, stoïque et confiant, observe le public qui entre tranquillement. Ils sont jeunes, moins jeunes, âgés, baba-cools, ou pas… décroissants… ou pas… ils n’en finissent pas d’entrer. Toutes les chaises sont occupées, on se pousse, on se tasse, on se plante debout dans le fond de la salle, on s’assied sur les tables malgré l’interdiction…
Et puis on écoute.
Marc Dufumier fait son show, avec sobriété pourrait-on dire, en poussant un peu l’oxymore.
« Les gens qui meurent de faim, meurent parce qu’ils sont pauvres et non pas parce que la planète ne produit pas assez. Des quantités croissantes de céréales et protéagineux trouvent preneur auprès des fabricants d’aliments de bétail et d’usines d’agro-carburants. Comble de ce paradoxe certains pays du sud écoulent leurs surplus alimentaires sur les marchés solvables du nord alors même qu’une part importante de leur population meurt de faim. Les paysans sont les premières victimes d’un système devenu fou : une agriculture spécialisée, mécanisée et chimisée, et la malnutrition qu’elle induit, pousse les populations vers les pays du nord, et provoque des flux migratoires toujours plus massifs..»
Au nord la situation n’est pas brillante : la pollution des eaux, des sols, leur érosion, menacent chaque jour nos écosystèmes. Dans notre alimentation des pesticides, des fongicides, des insecticides. « Et si d’aventure, s’amuse, avec la force du désespoir, Marc Dufumier, votre amoureux vous offre une rose, qui viendra à coup sûr d’Afrique ou d’Amérique du Sud, ne plongez surtout pas le nez dedans pour la sentir, vous prendriez un risque certain pour votre santé… Ce qui devrait d’ailleurs, vous faire vous interroger sur les motivations du dit amoureux à votre endroit ! »
La salle est acquise.
Marc Dufumier se lance alors dans la définition et la mise en pratique de l’agro-écologie. Le discours coule comme de l’eau de source : qualité des aliments, fixation des populations paysannes, respect de l’environnement, amélioration des rendements en bio… Cela parait si facile. « Pourquoi on ne le fait pas alors ?, avait questionné un jeune lycéen rencontré dans l’après midi, nous on n’y arrivera jamais tout seul dans notre coin ! » Marc Dufumier s’était alors emporté, pointant, argumentant, avant de conclure : « j’espère bien que vous les jeunes vous allez mettre ça en place avant que je m’en aille !!! »
La soirée doit se terminer, la salle doit être fermée à 23h ; il est 23h. Ni marc Dufumier, ni les auditeurs et auditrices ne veulent se séparer. Ça rouspète, ça grogne, il n’est plus l’heure pourtant…
Dans sa journée challandaise, Marc Dufumier aura animé deux conférences au lycée Truffaut, rencontré 180 élèves, animé trois heures de conférence en soirée devant 130 personnes…
Heureux, nous l’avons accompagné à son hôtel… Il est 23h30. Il doit repartir le lendemain matin à 7h44 vers Paris. Il prendra même le temps de nous envoyer un mail de… remerciement. Le monde à l’envers…
Pour le groupe local de Challans (Vendée), Michèle Mercier.