Le sénateur écologiste Ronan Dantec critique les modalités d’organisation du référendum ainsi que le projet du gouvernement.

Suite à la consultation la réaction du sénateur Ronan Dantec au travers d’un entretien avec Coralie Schaud de Libé.

Ronan Dantec est sénateur écologiste de la Loire-Atlantique, vice-président de la commission développement durable du Sénat et conseiller municipal de Nantes. Il considère que le débat n’est pas clos et qu’il reste deux recours.

Que conclure du résultat de cette consultation ?

Trois types de territoires se sont exprimés. D’abord, les plus concernés par le sujet, qui ont plutôt voté «non» au transfert de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, qu’il s’agisse des communes d’accueil de ce projet, mais aussi, et c’est une vraie surprise, des électeurs qui sont dans la zone de bruit de l’aéroport actuel, à Nantes.

Ensuite, le nord du département, rural : contrairement à ce que je pensais, il ne s’est pas prononcé contre un gaspillage des terres agricoles. Les gens y ont voté «oui», comme dans tous les territoires de droite, privilégiant l’argument économique, pourtant discutable.

Enfin, j’ajoute une troisième catégorie, même si elle n’a pu s’exprimer que dans les sondages : le Grand Ouest et la France, qui auraient voté «non» à environ 60 %. Nous voilà donc avec deux «non» et un «oui», qui sont tous légitimes. A partir de là, on fait quoi avec ça ?

Que faire justement, puisque les partisans du «non» n’ont aucune intention de baisser les bras ?

Il y a évidemment une colère, du fait que Manuel Valls a choisi le périmètre électoral le plus favorable au «oui» et n’a pas répondu aux demandes d’expertises indépendantes sur ce que coûterait un aménagement de l’aéroport actuel. Il a une responsabilité particulière dans le fait de cliver encore davantage la société. Je lui en veux d’avoir cassé une vraie possibilité d’en sortir avec une consultation digne de ce nom. Au lieu de cela, on se retrouve avec les deux camps encore plus mobilisés : les pro-Notre-Dame-des-Landes se sentent encore plus légitimes et les opposants ont l’impression de s’être fait flouer. Il faut désormais absolument trouver des réponses permettant d’éviter d’aller au drame. Car le risque Sivens existe, c’est évident [référence à la mort de Rémi Fraisse, tué fin 2014 par une grenade lancée par un gendarme, ndlr].

Que préconisez-vous ?

Il ne faut en aucun cas revenir sur ce qu’a dit François Hollande, qui a promis d’attendre que tous les recours juridiques soient épuisés avant de lancer le projet. Or il reste deux grands recours à trancher, dont un européen. Si les paysans sont expulsés et les travaux engagés avant cela, la situation deviendra critique. Ensuite, il faut aussi que l’Etat se pose la question de savoir quel projet il veut, que le gouvernement revoie sa copie pour tenir compte du fait que c’est très clivé sur le terrain, notamment à gauche. Et il faut dès aujourd’hui recréer les conditions du dialogue entre «pros» et «antis» et voir s’il y a des compromis possibles. J’y crois. J’essaie de continuer à faire le pari de l’intelligence collective pour éviter un désastre.

Considérez-vous comme Cécile Duflot que le résultat de cette consultation est une «bataille perdue pour l’écologie» ?

A Nantes, les gens qui sont sous les avions, y compris dans les quartiers populaires de gauche, ont voté contre le transfert. Ils ont voté «climat» plutôt que «nuisances personnelles». Cela prouve qu’il y a une gauche qui a compris les grands enjeux environnementaux et peut arbitrer contre ses petits intérêts personnels. C’est nouveau et très encourageant.

Coralie Schaub

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