Projet YelloPark à Nantes : contribution des élu.e.s écologistes et citoyens

Après avoir organisé une rencontre publique avec des collectifs d’habitants de la Beaujoire, des supporteurs du FC Nantes, l’association « A la nantaise » et le groupe Réalités, les élus écologistes et citoyens présentent leur position sur le projet YelloPark et leur contribution qu’ils déposeront dans le cadre de la consultation en cours.

Tenant compte des arguments pour et contre, ils s’interrogent à la fois sur la finalité et sur la méthode du projet :

  • L’impact environnemental
  • Le temps de la concertation
  • Le lien entre le stade et l’aménagement du quartier, notamment la qualité de vie et la sécurité
  • Les valeurs écologistes que le projet vient interroger

 

Sur l’impact environnemental :

 

Pour les élus écologistes et citoyens, il est essentiel de se pencher sur le bilan environnemental du projet.

Quel serait le bilan carbone lié à la construction d’un nouveau stade ? Celui de la déconstruction du stade actuel ? Ou de sa réhabilitation ?

La Métropole s’est engagée sur des objectifs ambitieux en matière de transition énergétique : le bilan carbone des opérations de réhabilitation est la plupart du temps moindre comparé à la construction d’un nouvel équipement (nécessitant la destruction du de l’équipement actuel). L’étude de cette alternative est indispensable.

 

Sur la concertation :

 

Une pré-concertation a eu lieu en novembre/décembre 2017.

Une deuxième phase de concertation a lieu actuellement. Commencée à la mi-février, elle se finira le 19 avril. Elle est encadrée par la Commission Nationale du Débat Public.

Pour les élus écologistes et citoyens cette concertation n’est pas du tout satisfaisante, pour plusieurs raisons :

  • Elle est très courte ( 2 mois). Sur un sujet de cette importance, avec de nombreux enjeux (nouveau stade, nouveau quartier de ville, densification, déplacements…) qui engagent la collectivité pour de nombreuses années, une concertation beaucoup plus longue est indispensable, comme c’est le cas pour les concertations menées par exemple pour les projets de rénovation des quartiers (Nantes nord, Bellevue…) . Avec raison, la ville de Nantes mène de longues consultations de plusieurs mois pour le simple réaménagement d’un square, et sur ce dossier elle ne va consacrer que deux mois pour un ensemble de 23 hectares !

 

De plus la concertation sur les déplacements (PDU) a lieu jusqu’à fin 2018. L’évolution de notre Plan de Déplacements Urbains concerne notamment ce grand quartier de Nantes Erdre, avec la prolongation de la ligne 1 de tramway jusqu’à La Babinière, le réaménagement du périphérique (porte de Gesvres). Il serait indispensable de faire coïncider les deux concertations pour la cohérence globale du projet de quartier.

 

  • Le rythme des réunions est intense, avec des thèmes très différents. Ce rythme ne permet pas à tous les acteurs, notamment les acteurs bénévoles de préparer correctement les réunions et d’y participer autant qu’ils le souhaiteraient. C’est particulièrement le cas des riverains.
  • La ville de Nantes et Nantes Métropole sont absentes du débat, ou ne sont présentes que pour porter un seul message : « il n’y a pas d’alternative ». On est loin de la co-construction à la Nantaise régulièrement mise en avant !
  • La concertation est tronquée car il est dit dès le départ qu’il n’y a pas d’alternatives. Une concertation plus longue aurait permis de prendre le temps d’étudier davantage les exemples étrangers, de faire émerger des alternatives : rénovation du stade existant ou construction d’un nouveau stade ; financement public / financement privé ?

 

Sur cette thématique du financement, la concertation plus longue aurait permis d’étudier les différents types de contrats possibles entre la collectivité, le FCN, le groupe Réalités. L’argument pour dire qu’il n’y a pas d’alternative est le suivant : personne ne s’est présenté pour financer une quelconque alternative ! Mais en a-t-on laissé le temps et l’espace ?

 

Sur le lien entre le projet de stade et le projet immobilier :  qualité de vie et sécurité

 

L’examen détaillé du projet nous a montré que tous les éléments du projet ne sont pas à rejeter :

  • la nécessité de doter le FCN d’un stade moderne et aux normes.
  • La volonté de mieux intégrer le stade dans son environnement proche. Actuellement le stade ne sert environ qu’une fois toutes les 2 semaines, 10 mois par an.
  • Le souci de faire évoluer le quartier Halvèque/Beaujoire/Ranzay /Saint-Joseph en tenant compte des problématiques existantes, touchant à la vie quotidienne des habitants : présence de services publics, circulation, stationnement…

 

Mais pour les élus écologistes et citoyens, des interrogations demeurent :

  • C’est un projet immobilier qui sert à financer la construction du nouveau stade, ce qui comporte une certaine prise de risque sur l’aménagement du quartier (si le montage financier est fragilisé : besoin de densifier davantage, faire plus d’étages…)
  • Le risque pour la collectivité publique de laisser la main sur l’aménagement d’un quartier de 23 hectares à un seul promoteur privé : cette opération limiterait la capacité d’encadrement sur les aménagements et usages des espaces publics. De plus, l’argument du « 100% financé par le privé, pas un euro de la collectivité » est faussé : qui va prendre en charge les aménagements obligatoires liés aux services collectifs, comme la desserte en transports en communs ?
  • Oui à une densification de qualité : une ville dense où il fait bon vivre, un équilibre entre le bâti et les espaces verts, une place importante laissée à la nature en ville . Nous demeurons, en revanche, opposés à une densification excessive à tout prix symbolisée par un projet de tour de 120 mètres de haut, avec toutes les conséquences que cela comporte sur le stationnement et la circulation, qui changeraient de manière importante la vie du quartier.
  • Le projet doit apporter des réponses en matière de sécurité des spectateurs et des riverains pendant les soirs de match.

 

Sur les valeurs portées par les écologistes :

 

Optimisation de l’existant, co-construction avec les premiers concernés (habitants, usagers…), équilibre entre grands projets et projets de proximité, des équipements sportifs accessibles à toutes et tous… Ce projet interroge un certain nombre de valeurs que nous portons :

  • Favoriser la réhabilitation des équipements existants avant de construire de nouveaux équipements.
  • L’importance de faire le bilan environnemental du projet et des alternatives (déconstruction / construction ; réhabilitation ; bilan carbone de chaque option)
  • La nécessité de respecter le patrimoine de la ville auxquels sont attachés les Nantais. C’est le cas pour le stade de la Beaujoire, ça l’a été pour le stade Marcel Saupin, partiellement conservé.
  • Le souci de co-construire avec les habitants en prenant le temps de la discussion doit être incontournable pour construire un projet dans l’intérêt de toutes et tous.
  • Des valeurs du sport de proximité pour toutes et tous, et non du sport business … Malgré tout les deux sont indissociables : les grands événements du sport professionnel sont des moments populaires qui véhiculent de fortes émotions, renforcent la cohésion sociale, transmettent des valeurs aux amateurs. Quelle image du foot voulons-nous transmettre aux jeunes nantaises et nantais ?

 

En conclusion :

il est urgent de prolonger la concertation,

le temps de faire émerger et d’étudier d’autres alternatives possibles !