Le premier atelier citoyen proposé le 13 juin par EELV Loire-Atlantique a réuni environ 40 personnes. Cet atelier a pour objectif de travailler sur la valorisation du stade de la Beaujoire et de réduire l’empreinte écologique des travaux.
Berdje Agopyan, architecte du stade de la Beaujoire, ne pouvant être présent, avait rédigé pour la circonstance un communiqué adressé à la presse locale :
M. Berdje Agopyan est l’architecte concepteur du Stade de Nantes. L’agence d’architecture qu’il a fondée, l’Atelier Agopyan possède à son actif, plus de 1200 réalisations sur le plan national et international. Elle compte aujourd’hui une quinzaine de collaborateurs en propre, et est actuellement dirigée par Myriam Agopyan, architecte. Il a souhaité apporter sa contribution à l’atelier citoyen organisé par EELV 44.
Tout d’abord, je tiens à féliciter le groupe des élus écologistes d’avoir le courage d’organiser un débat citoyen sur ce sujet. À ce jour, le Stade de la Beaujoire reste un bâtiment public, financé par le contribuable, et chaque citoyen est en droit de se poser les bonnes questions face au gâchis que l’on voudrait nous imposer. Pour ma part, Je voudrais rappeler trois points :
En premier lieu, le Stade la Beaujoire est un ouvrage jeune, dont l’année de construction est une des six plus récentes parmi les vingt clubs de ligue 1 ! Et comme j’ai déjà eu l’occasion de le montrer, il est tout à fait possible, dans cette enceinte aux lignes uniques, d’aménager demain la Beaujoire de manière harmonieuse à un coût très, très, largement inférieur à celui d’un stade neuf. Donc, sans gâchis économique pour la Métropole (i.e. un prix du foncier bradé, où le stade actuel et les 6 millions dépensés ces dernières années en rénovation sont comme jetés à la poubelle, pire ils réduisent le prix du foncier pour le promoteur), ni gâchis écologique, avec des niveaux de services équivalents et sans rupture dans la programmation des évènements sportifs. J’ai exprimé officiellement, à de nombreuses reprises, le souhait d’échanger avec la Métropole autour de ces sujets, mais à ce jour, on n’a pas jugé utile de nous accorder cette faveur en dépit de diverses promesses, dont un courrier en février 2018 du vice-président de Nantes Métropole. Que craint-on à étudier sans faux semblant le sujet de la rénovation ? Force est de constater que cette option n’a jamais été envisagée, à l’inverse des plus grands stades de football en Europe : ex 92% et 100% des stades utilisés respectivement pour l’EURO 2020 et 2024 seront des stades rénovés (source UEFA.com). J’ajouterais également que le Stade de la Beaujoire se prête facilement de par ses lignes et la forme de sa toiture à la pose de panneaux photovoltaïques, ainsi qu’à un système de récupération d’eaux de pluie, tout dépendra alors principalement du nombre de watt-crête que l’on souhaite obtenir au regard de l’investissement.
En second lieu, il faut mesurer l’aberration de dilapider un ouvrage de cette envergure, qui fonctionne parfaitement, pour en reconstruire un autre 100 mètres plus loin. Il faut oser le dire ; selon moi, on éparpille l’argent public par les fenêtres : non seulement, on ne vend pas ce Stade mais on le détruit, et en plus, cette destruction est retirée du prix payé par le promoteur et donc de l’argent reçu par la Métropole. En résumé, il apparaitrait aujourd’hui, sur la base des maigres éléments communiqués, que la Métropole aurait touché bien plus d’argent pour le foncier si le Stade n’avait pas été détruit mais rénové !!! Et rien ne s’y oppose… car un stade de football, quoi que l’on dise, s’articule toujours autour d’une pelouse, de gradins et d’une enveloppe. Tout cela existe déjà ici, et on peut facilement l’enrichir de nouveaux bâtiments, services. Alors pourquoi existe-t-il un tel acharnement à détruire plus de 20.000 m3 de béton précontraint, ferraillé et traversé de câbles tendus, une charpente métallique de plus de 2.000 tonnes ? Il faut pouvoir imaginer ce que représente l’anéantissement d’une telle masse…l’énergie nécessaire pour casser, broyer, tronçonner les câbles tendus, remblayer, puis le ballet des camions pour l’évacuation des milliers de tonnes de déchets, sans compter la poussière engendrée. Enfin, le bilan carbone ne s’arrête pas là, puisqu’il sera ensuite nécessaire de reconstruire un nouveau stade avec de nouveau du béton, de l’énergie, des nuisances, des transports en camion etc. Deux questions se posent alors : quelle image donne-t-on de Nantes Métropole en terme d’exemplarité au niveau écologique et bilan carbone ? Sommes-nous victimes d’un quelconque égarement de l’intelligence, d’une question d’ego ?
Enfin, il me semble nécessaire de bien évaluer l’impact de la destruction du stade actuel sur le programme immobilier dans sa globalité. En effet, compte tenu du coût d’un nouveau stade (plus proche de 300 m€ que de 200 m€ par ailleurs), tout le monde comprendra que cela oblige mécaniquement le promoteur à établir un programme immobilier d’envergure, rompant ainsi l’équilibre écologique nécessaire entre les espaces verts et le bâti. Sans la destruction du Stade, le programme immobilier, et donc l’empreinte carbone aurait été là aussi beaucoup plus vertueuse. Autre point sur lequel il faudrait se pencher, ce sont les coûts de fonctionnement du nouveau stade envisagé, plus proche d’une salle de sports fermée que d’un Stade ouvert comme la Beaujoire, bénéficiant de la lumière naturelle. Là aussi, compte tenu des dimensions d’un stade de football, des fluides nécessaires à son fonctionnement, comme l’éclairage, ce point n’est pas négligeable et devrait être versé au débat.