La fuite en avant de l’Union européenne (UE) dans des Accords de libre-échange atteint le summum de l’absurdité en les imposant à l’Afrique de l’Ouest dont le PIB par tête est vingt-et-une fois inférieur au sien. Cet accord de « Partenariat » Economique (APE) lui ferait perdre 76% de ses recettes douanières sur ses importations de l’UE et entraînerait une forte montée du chômage par la perte de compétitivité de ses entreprises. Dans ce contexte il est très utile d’analyser les multiples manoeuvres et contre-vérités utilisées par la Commission européenne pour imposer l’APE de l’AO et les APEi de Côte d’Ivoire et du Ghana.
Maître de conférences en économie retraité de l’ENSAT, Jacques Berthelot analyse les politiques agricoles au profit d’organisations paysannes, dont le ROPPA en Afrique de l’Ouest et des ONG qui les assistent, dont SOL qui publie ses analyses. Il est membre du conseil scientifique d’ATTAC.
Préfaces de Mamadou Cissokho et Ken Ukaoha
Débat public
Je vous invite à venir très nombreux à la présentation-débat de mon livre « Vous avez dit LIBRE échange ? L’Accord de Partenariat Economique Union européenne-Afrique de l’Ouest » le jeudi 29 novembre à l’espace L’Harmattan, 24 rue des Ecoles de 19h à 21h. J’attache un fichier avec les pages de couverture, un extrait de la conclusion et la table des matières. Une version anglaise est sortie aussi fin septembre.
Alors que la Commission européenne comme la France prétendent vouloir s’attaquer à la racine du flux des migrants qu’elle ne veut pas accueillir, il est urgent de comprendre et de faire savoir que déjà les APE intérimaires de Côte d’Ivoire et du Ghana, mis en œuvre depuis fin 2016, sont en train de désintégrer l’Afrique de l’Ouest et que le flux actuel, bien qu’en forte baisse depuis un an, ne peut que rebondir fortement à l’avenir compte tenu du triple défi qui frappe déjà cette région : explosion démographique, dérèglement climatique, déficit alimentaire croissant si l’on exclut les exportations de cacao qui ne sont pas des produits alimentaires de base.
Au lieu de s’attaquer aux vraies causes de la paupérisation et du chômage croissant des jeunes privés d’avenir non seulement le pourcentage de l’aide bilatérale au développement de l’Afrique subsaharienne (ASS) a baissé de 36,2% en 2005-06 à 25% en 2015-16, dont pour la France de 54,2% à 31%, mais encore une part croissante de l’aide européenne, et en particulier de la France, sera consacrée à la lutte contre les migrations, à leur expulsion vers le pays d’origine, sans parler du durcissement de l’octroi des visas et du droit d’asile. Dernière innovation française, à lire sur le fichier attaché : la création à Abidjan d’une « académie internationale de lutte contre le terrorisme » présentée par Jean-Yves le Drian à Abidjan le 18 octobre 2018.
Il est très important de venir nombreux à cette présentation-débat car très peu de livres ont été vendus à ce jour alors que le livre est sorti en juin : 166 au total sur lesquels j’en ai achetés 80, dont j’ai donné la plupart. L’enjeu est évidemment de faire connaitre la réalité des manœuvres utilisées par la Commission européenne pour faire signer les APE, en commençant pas son refus de publier les 3 études d’impact qu’elle avait financées mais a refusé de diffuser (elles ont été fuitées) car elles concluaient à un impact négatif pour l’Afrique de l’Ouest. Et il faut savoir surtout que c’est la France qui a le plus imposé les APE parce que ce sont des entreprises agroalimentaires françaises qui souffriraient le plus en cas de non finalisation (elles y échappent pour la Côte d’Ivoire et le Ghana) : la Compagnie fruitière de Robert Fabre qui possède la grande majorité des plantations de bananes et ananas de Côte d’Ivoire (CI), Ghana et Cameroun et qui les exportent sur ses propres navires bananiers ; le Groupe Mimran qui a fait pression pour réduire à 0 le droit de douane sur les importations de céréales puisqu’il possède les Grands Moulins d’Abidjan et de Dakar (et la Compagnie sucrière du Sénégal), même s’il les a revendus récemment à un groupe marocain ; la filiale européenne de Thai Union, principal groupe mondial exportateur de conserves de thon, qui met notamment en boîte ces conserves à Douarnenez sous la marque Petit Navire ; et enfin le groupe Bolloré qui contrôle les principales infrastructures portuaires du Golfe de Guinée et participe à l’exportation des produits agroalimentaires d’Afrique de l’Ouest, notamment du cacao.