Nous vous relayons l’article de Presse-Océan paru le 28 novembre :
Qui aurait parié sur pareille confidence il y a 6 mois ? Elle est lâchée sous le sceau de l’anonymat – on ne se met pas à nu dans la Zad quand il s’agit de passer un coup de brosse à reluire à une représentante de l’État, fût-elle retraitée – mais cette figure de la lutte, installée depuis plusieurs années dans le bocage, ose tout de même cette formule :
« Le départ de Nicole Klein (Ndlr : ex-préfète partie, à 66 ans, prendre la direction de cabinet du ministre de l’Écologie) n’est pas une très bonne nouvelle. J’aurais préféré continuera travailler avec elle, on n’était pas trop mal parti. »
Le nouveau préfet Claude d’Harcourt, qui prend ses fonctions ce mercredi 28 novembre, est attendu de pied ferme. « On a connu des profils différents à ce poste, parfois moins enclins à la discussion, reprend une voix de la Zad. Il ne faut pas que la dynamique d’apaisement soit cassée. » Figure du combat, Marcel Thébault, agriculteur ayant vu ses terres expropriées, salue « le sens de la diplomatie et des relations humaines de Nicole Klein. En tant que préfète, elle a bien joué son rôle, elle a fait le boulot ». Mais pas question de se bercer d’illusions : « Tout n’est hélas pas réglé. Et Ton sait que les grandes décisions se prennent à l’Élysée ou à Matignon ».
La question de l’habitat et la répartition des parcelles de la zone restent en suspens. Et source de conflits. La Zad réclame la signature de baux, gages de pérennité, pour les porteurs d’activités agricoles.
L’État temporise, et juge que c’est au futur propriétaire du site, en l’occurrence le Département – de signer ces contrats.
La Zad réclame aussi « un diagnostic foncier transparent ». Et martèle : « Les terres sauvées du bétonnage doivent revenir à de nouvelles installations et non à l’agrandissement d’exploitations existantes qui ont été indemnisées ».
Le départ de Nicole Klein « est une perte pour ce dossier, c’est quelqu’un de valeur qui a bien travaillé », notait encore, à l’annonce de ce départ, Sylvain Fresneau, opposant historique ayant trinqué avec l’intéressée après l’abandon du projet d’aéroport. Mais elle a tracé les lignes, on peut se dire que ce sera plus facile pour le nouveau préfet ».
« Elle aurait pu s’abstenir de ce toast, grince Jacques Lemaître, président de la Chambre départementale d’agriculture. Même si c’était pour montrer sa volonté de travailler dans un climat apaisé. » « Elle a fait en sorte que la situation devienne pacifiée, salue Jean-Paul Naud, maire (SE) de Notre-Dame-des-Landes. Ce que l’État lui a demandé de faire, elle l’a réussi. »
« Ce n’est pas le timing le plus favorable pour changer d’interlocuteur, dit Erwan Joyeau, producteur de céréales sur une vingtaine d’hectares de la Zad. Rien ne nous assure que le nouveau préfet ne voudra pas faire table rase de tout ce qui s’est construit.
Mais si l’objectif est de durcir le ton, on répondra présent. »
Yan Gauchard
Photo Presse-Océan Nathalie Bourreau