Nantes : les élus écologistes et citoyens votent contre la vente d’une parcelle pour la construction d’un 2ème stade

Retrouvez ci-dessous et en vidéo l’intervention de Julie LAERNOES, vice-présidente en charge de la transition énergétique et du climat, lors du conseil métropolitain du 7 décembre :

« Nous voilà donc à une étape de cette longue séquence caractérisée caractérisée par sa précipitation, son impréparation, son incohérence. Le groupe écologiste a choisi de rester cohérent et fidèle à ses valeurs.

Fidèles et cohérents par rapport aux valeurs que nous avons défendues et qu’il faut continuer à défendre ensemble avec encore plus de détermination.

Plus d’écologie, plus de social, plus de démocratie

De ce point de vue, cette délibération vient heurter un bon nombre de ces principes et de nos engagements.

Plus d’écologie

Nous venons d’adopter collectivement ce matin un plan d’actions partagé autour du climat. Car nous en convenons toutes et tous, l’urgence est réelle et face à cela, il nous faut une action collective, déterminée et sans faille.

Pour cela tous les capitaux, publics et privés, doivent résolument être réorientés par des projets qui font sens et qui contribuent à ces transitions que nous appelons de nos vœux.

Comme je le disais auparavant, à aucun moment n’ont été analysés les différents impacts de ce projet, je pense notamment aux impacts environnementaux de la réalisation d’un second stade sur le quartier, la circulation, la qualité de l’air, les espaces verts, la biodiversité. Je cite simplement les récents propos tenus par Jean Jouzel, climatologue reconnu pour le sérieux de ses travaux, ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC : « Il faut se battre contre tous les grands projets absurdes… Nous avons besoin d’autres modèles de développement. »

Une rénovation est possible. Là aussi, nous restons fidèles et cohérents.

Un contre-projet est disponible depuis plusieurs semaines, élaboré par l’architecte de la Beaujoire, Berdje Agopyan. Certes inabouti, car on ne connaît toujours pas le cahier des charges du FCN, ce contre-projet est chiffré entre 3,1 et 3,7 M € pour la simple mise aux normes UEFA 4. Un projet plus ambitieux a également été élaboré par le cabinet Agopyan, regroupant un musée, un restaurant, une grande salle de conférence de presse, une fan-zone, des espaces pour les associations de supporters et les riverains. Ce contre-projet coûte entre 29 et 34 millions d’euros hors taxes. Nous sommes là bien loin des 200 millions d’euros annoncés pour le futur stade, 200 millions qui d’après certains experts urbanistes ou architectes ne permettront d’ailleurs de ne construire qu’un stade low-cost !

Plus de social

Privatiser un des derniers lieux vraiment populaire à Nantes au sens noble du terme. En effet, nous ne pouvons pas garantir que le prix des billets restent accessibles si le stade est à 100 % privé et ce sera donc au bon vouloir de Waldemar Kita.

Plus de démocratie

C’est d’abord, un dossier vicié dès le départ car il n’y a jamais eu de débat sur le postulat de base : celui de la nécessité d’un nouveau stade à un horizon de 5-10 ans. Cela n’a jamais été démontré, étayé par une quelconque étude chiffrée, argumentée. A aucun moment, n’ont été analysés les impacts économiques, sociaux, budgétaires et environnementaux d’une telle opération sur le court, moyen et long terme.

La collectivité n’a jamais mené de concertation publique sur le sujet. Malgré le fait que cela ne faisait pas partie de votre programme, ne faisait pas partie de notre programme.

Quand un nouveau projet est mis sur la table n’est-ce pas là une condition ? La concertation a été menée par la CNDP pour le Maître d’ouvrage sur un autre projet : nouveau stade, destruction de la Beaujoire, projet immobilier.

Concertation sur laquelle vous prétendez vous baser pour arriver à cette proposition ubuesque : 2 stades côte-à-côte toujours sans aucun débat, ni public, ni au sein de la majorité d’ailleurs. « L’antithèse de ce qu’il fallait faire », déclarait récemment dans le quotidien sportif L’Equipe Jérémy Moulard, spécialiste du modèle économique des nouveaux stades du football français. Nous n’avons pas du suivre les mêmes débats.

Enfin le postulat du zéro argent public occulte la vérité. La conservation du stade de La Beaujoire sera un coût financier pour la collectivité, car il il faudra continuer à entretenir ce stade. De plus il faudra réaliser certains équipements pour accompagner la réalisation du nouveau stade, comme un parking, dont Waldemar Kita ne veut pas supporter le coût. De plus Nantes Métropole subira des pertes de recettes car elle ne percevra plus de loyer du FCN. Un hypothétique projet de rugby pourrait voir le jour, nous dit-on. Mais à court terme, nous aurons seulement droit à un stade de foot… sans foot !

Mes chers collègues, nous avons aujourd’hui le choix ou pas de modifier le PLUm, le choix ou pas de céder cette parcelle. Les élus du peuple que nous sommes doivent avoir leur mot à dire et ne pas rester impuissants face aux grands capitaux privés. Ce dossier est une opération 100 % spéculative, qui protège un intérêt capitalistique privé, celui de Waldemar Kita. C’est pour cela que je vous invite à voter avec les élus écologistes et citoyens contre cette délibération. »