Quelque part Emmanuel Macron aura rendu un grand service à l’écologie en débauchant Pascal Canfin. En effet, ces derniers jours toute la presse est unanime, les écologistes sont le nec plus ultra de la composition d’une liste pour les européennes.
Il n’en reste pas moins que la pilule est dure à avaler car les commentaires vont de la compassion à l’agression délibérée. Par contre, le Huffington Post nous fournit un texte assez équilibré qui donne une explication politique aux débauchages et aux départs qui se sont succédé depuis 5 à 6 ans.
Mediapart de son côté fait du Mediapart et le Canard enchaîné se peint en vert.
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L’article du Huffington Post :
Pascal Canfin débauché par LREM: un classique de l’écologie politique
ANALYSE – Hulot s’en va, Canfin revient. C’est une tradition solidement installée dans la vie politique française, tout particulièrement en période électorale. L’ancien ministre écologiste de François Hollande Pascal Canfin a confirmé, ce mardi 26 mars, au lendemain de son départ de la direction de l’ONG WWF France qu’il acceptait d’être numéro deux sur la liste LREM aux élections européennes.
Un changement de pied notable pour celui qui avait quitté le gouvernement Ayrault en 2014 pour s’opposer à l’arrivée de Manuel Valls à Matignon et qui avait refusé l’an dernier de succéder à Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique au motif qu’il n’aurait pas les mains libres pour agir. Mais Pascal Canfin n’est ni le premier ni le dernier écologiste sincère à franchir le Rubicon.
Avec lui, l’ancien numéro un d’EELV, Pascal Durand, devrait figurer sur les listes LREM aux européennes. Le même Pascal Durand qui avait précédé Emmanuel Cosse à la tête du parti écologiste, Emmanuelle Cosse qui avait ensuite quitter EELV en rejoignant le gouvernement de… Manuel Valls.
L’écologie « de l’extérieur »
Dans les faits, on ne compte plus les écologistes historiques qui ont, à un moment ou un autre, décidé de rompre les amarres avec leur mouvement pour aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs et tenter d’implanter le logiciel écologiste dans celui des partis traditionnels.
« Comme disait Dominique Voynet, il y a toujours eu plus d’écologistes à l’extérieur du mouvement qu’à l’intérieur », confirme le journaliste Arthur Nazaret, auteur de « Une histoire de l’écologie politique ». Un phénomène qu’il explique notamment par l’absence de consensus sur la stratégie de conquête du pouvoir.
« Les écolos se sont longtemps vécus comme un contre-pouvoir subversif, sans idée précise sur la manière de se hisser au sommet de l’Etat. La création d’EELV en 2010 visait justement à déghettoïser l’écologie politique pour en faire un outil partisan à part entière. Mais cette démarche s’est heurtée aux stratégies de débauchage des autres partis, et notamment de François Hollande », rappelle Arthur Nazaret.
La progression des idées écologistes dans la société, à la fin des années 80, puis au tournant des années 2000, a en effet souvent coïncidé avec de nouvelles vagues de départ, accélérées aussi par la lassitude d’un parti écologiste réputé pour ses querelles intestines: Brice Lalonde appelé par Michel Rocard au gouvernement en 1988, le secrétaire national des Verts Jean-Luc Bennahmias qui rejoint le Modem, puis François de Rugy, Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili qui oscilleront des Verts au PS quand certains finiront chez LREM.
Un grand écart stratégique
Opportunisme congénital ou divergences tactiques? Depuis la naissance de l’écologie politique en France dans les années 70 jusqu’à son émergence dans l’arène nationale à la fin des années 80, le mouvement a sans cesse été écartelé entre deux stratégies tantôt antinomiques, tantôt complémentaires.
D’un côté, le choix d’une écologie centrale et autonome, enjambant le clivage gauche-droite pour placer la défense de l’environnement et de la solidarité au cœur du réacteur politique. De l’autre, la stratégie d’une écologie de l’influence, visant à noyauter les partis de gouvernement dans l’espoir d’infléchir leur ligne environnementale et de participer à une révolution culturelle. D’un côté, une écologie intégrale, volontiers taxée d’utopisme. De l’autre, l’écologie du réelle, immédiatement accusée d’opportunisme.
Cette dichotomie s’observe également dans le milieu associatif, où Greenpeace a longtemps incarné une ligne intransigeante quand WWF privilégiait la pédagogie et la négociation, notamment avec le monde de l’entreprise.
A l’évidence, Pascal Canfin penche désormais pour cette seconde option. « Les Verts allemands ont salué la lettre sur l’Europe qui présente le projet européen d’Emmanuel Macron. En m’engageant sur ce projet, je ne vois pas en quoi je trahirais les idéaux qui sont les miens. Au contraire, j’essaye de les rendre possibles », plaide le futur candidat, par ailleurs très respecté pour ses engagements, dans une interview au Monde. S’il a changé d’avis, c’est qu’il aurait obtenu des garanties du chef de l’Etat que l’environnement ne sera pas qu’une étiquette du projet LREM. « L’écologie sera l’axe majeur, premier et transversal du projet » de LREM, estime-t-il pour justifier sa décision. « Je suis passé par Europe Ecologie-Les Verts, je pense qu’il faut des écologistes politiques. Mais il faut en complément que l’écologie gagne d’autres forces politiques », assume-t-il.
Mais ce choix n’en demeure pas moins risqué. Car si Emmanuel Macron a bien envoyé des signaux qu’il souhaitait renforcer son action environnementale, le contexte budgétaire et social, ainsi que les précédents arbitrages du gouvernement, sur l’interdiction du glyphosate ou le report de l’interdiction des pesticides, ont clairement échaudé les écologistes, y compris les partisans d’une écologie rassurante et réformiste.
En la matière, le plus célèbre des écologistes, Nicolas Hulot, aura tout essayé: patron d’ONG médiatique, conseiller de l’ombre influent de plusieurs présidents, dont Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, candidat à la candidature présidentielle écolo, et enfin ministre d’Emmanuel Macron. Même lui a dû se rendre à l’évidence. « On s’évertue à entretenir un modèle économique cause de tous ces désordres climatiques. (…) Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d’autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent… la réponse, elle est non », avait-il tranché en démissionnant en direct sur France Inter, un coup de tonnerre signant un acte de décès de l’écologie de la négociation.
« La démission de Hulot a démontré qu’être invité à la table des discussions ne suffit plus. Il faut affirmer l’écologie politique comme une alternative à part entière », résume le porte-parole d’EELV, Julien Bayou.
Des débauchages qui fragilisent EELV
Depuis, les quelques écologistes qui avaient rejoint La République En Marche ont pris peu à peu leurs distances, dont le député hulotiste Matthieu Orphelin, qui a claqué la porte du groupe majoritaire après avoir été un apôtre pragmatique du dialogue et du compromis. Et le mécontentement climatique n’a eu de cesse de monter dans le pays, comme en témoigne le succès relatif des « Marches pour le climat » et la pétition monstre de « l’Affaire du siècle », lancée par des ONG pour intenter un procès à l’Etat et son « inaction climatique ».
C’est dans ce contexte qu’interviennent ces débauchages de figures emblématiques de la galaxie écologiste. Et beaucoup, notamment chez les ONG, redoutent qu’il s’agisse d’une pure opération de « greenwashing » visant à fragiliser la liste écologiste portée par l’eurodéputé Yannick Jadot, qui espère jouer les premiers rôles dans les urnes le 26 mai.
D’où la réaction au lance-flammes du patron EELV, David Cormand, pour qui la décision de Canfin constitue « une faute lourde » et « une capitulation en rase campagne ». « Si Nicolas Hulot considère qu’on ne peut plus se contenter d’une écologie des petits pas, je ne vois pas ce que Pascal Canfin va faire dans cette galère », a-t-il déploré lundi, y voyant « la preuve » qu’on ne peut faire d’écologie « sans écologistes ».
La campagne européenne qui se profile annonce donc un duel frontal et fratricide entre deux stratégies écologistes opposées. Tout un symbole, le chef de file d’EELV, Yannick Jadot, ayant rejoint EELV en 2009, en même temps que Pascal Canfin, sous l’impulsion de Daniel Cohn-Bendit, lui même désormais rallié à Emmanuel Macron. « Nous voulons que l’écologie politique, l’écologie et la solidarité deviennent le cœur du paysage politique français et européen », assure Yannick Jadot, deux ans après avoir sabordé sa propre campagne présidentielle en rejoignant celle de Benoît Hamon.
D’aucune soupçonnent d’ailleurs Emmanuel Macron de vouloir neutraliser les écologistes en ravivant cette vieille blessure, au risque d’asphyxier la promotion de l’urgence environnementale. « Personne n’a, ne peut et ne doit avoir le monopole de l’écologie », se défend déjà Pascal Canfin en attaquant « la petite politique politicienne » de ses anciens amis qui rejettent en bloc le bilan environnemental d’Emmanuel Macron.
« Au-delà de l’incarnation par des personnalités reconnues et des mots, il faudra des programmes détaillés et crédibles, et une cohérence à tous les niveaux, en particulier entre ambition affichée à l’Europe et réalité des politiques nationales », met en garde Matthieu Orphelin en priant pour que la campagne ne tourne pas au « concours de beauté » mortifère entre écologistes des deux rives.
photo AFP
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L’article de Mediapart :
EELV accuse le coup après le départ des «deux Pascal» chez Macron
Pascal Durand et Pascal Canfin rejoignent la liste portée par Emmanuel Macron pour les élections européennes. Un choix surprenant ? Pas tant que ça.
Les réseaux sociaux sont déjà tout feu tout flamme. Mais, ce lundi 25 mars au matin, au nouveau siège de campagne d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) place de la République, l’annonce du jour ne semble pas susciter beaucoup d’émoi. On préfère parler du programme, tout chaud sorti des presses.
L’affaire est pourtant moins anecdotique qu’elle n’en a l’air. C’est désormais officiel : Pascal Canfin, ancien ministre EELV sous le quinquennat Hollande, devenu, en 2015 le patron du WWF, sera candidat en deuxième position sur la liste « Renaissance » de La République en marche (LREM) aux prochaines élections européennes. Il n’est pas le seul à avoir franchi le Rubicon : Pascal Durand, eurodéputé sortant et ancien patron d’EELV, fera campagne à la 18e place.
Les deux « Pascal » passés, au même moment, chez Macron ? David Cormand, le secrétaire national d’EELV, hausse les sourcils, atterré : « Il y a une forme de capitulation en rase campagne de ces gens qui considèrent que leur écologie est compatible avec En marche. Sincèrement, je me demande ce qu’ils sont allés faire dans cette galère… » Une « galère » toute relative : un score autour de 20% garantirait aux deux d’être élus le 26 mai prochain.
Le ralliement de ces deux personnalités qualifiées par tous d’« écolos sincères » a néanmoins de quoi surprendre. Depuis son arrivée au pouvoir, la majorité s’est illustrée pour avoir mené une politique loin des canons de l’écologie politique : soutien au nucléaire, refus de mettre dans la loi une date claire de sortie du glyphosate, suppression de la fiscalité carbone après le soulèvement des « gilets jaunes », refus d’interdire la castration à vif des porcelets ou le broyage des poussins dans sa loi alimentation
Récemment, Emmanuel Macron semait le doute sur les liens entre chlordécone et cancer.
Cerise sur le gâteau : Pascal Durand et Pascal Canfin feront campagne au côté d’un proche de la FNSEA, le syndicat-lobbyiste de l’agriculture intensive. La bête noire des écolos…
Du côté d’EELV, on ne se prive pas pour pointer les contradictions. « Leur démarche est incohérente avec ce qu’ils sont, et en décalage profond avec ce qu’est en train de devenir l’écologie politique : un mouvement de jeunes, de plus en plus radical, et de moins en moins libéral », estime Marie Toussaint, numéro 4 sur la liste EELV aux européennes et figure montante du parti, qui se dit « déçue ».
« C’est un peu fou, abonde Noël Mamère, l’ancien élu de Bègles qui avait lui-même quitté EELV en 2013 suite à des désaccords sur la gouvernance du parti. Alors même qu’on est en train de gagner la bataille culturelle, Canfin et Durand choisissent de servir de caution à LREM. Juste au moment où l’écologie s’émancipe des autres partis, qu’elle devient le maître du jeu, qu’elle revendique d’être un vrai paradigme assumé… C’est un immense gâchis ! » déplore-t-il, attribuant la manœuvre à Daniel Cohn-Bendit, proche des deux Pascal, qui n’a jamais caché pas sa proximité avec Emmanuel Macron.
Un choix, en tout cas, difficile à comprendre. En septembre, le départ fracassant du gouvernement de Nicolas Hulot, dénonçant la « mystification »/ du pouvoir, semblait avoir définitivement acté
l’incompatibilité entre Macron et l’écologie. Approché par le président, Pascal Canfin avait d’ailleurs refusé de prendre sa place à l’hôtel de Roquelaure. Par la suite, le départ de Matthieu Orphelin de LREM, ainsi que l’atonie de François de Rugy, le nouveau ministre de l’écologie, seront d’autres preuves éclatantes de l’hiatus politique entre les écologistes et le pouvoir…
La tête de liste EELV, Yannick Jadot, qui fut pourtant lui aussi un poulain de Daniel Cohn-Bendit, cogne : « Le pari des Pascal (sic) consiste à dire que même s’ils savent qu’il n’y a pas d’écologie chez Macron, ils y vont quand même, au cas où. Pourtant, un écolo ne peut décemment pas rejoindre un mouvement qui a voté pour le report de l’interdiction des pesticides et qui soutient tous les traités de libre-échange », ajoute-t-il, assurant avoir « proposé 150 fois » à Pascal Durand d’être sur la liste. En vain.
« Durand est piégé par ses hésitations, ajoute Julien Bayou,porte-parole d’EELV. Il fait partie de ces gens qui pensent que l’Union européenne se disloquera s’il n’y va pas. Quant à Canfin, il fait une vraie faute, car il remet de la confusion après la clarification de Hulot. Et puis être patron du WWF, c’est un bon poste ; pourquoi le quitter ? » Chez EELV, on se demande aussi, et ce n’est pas un détail, comment Pascal Durand, libre-penseur « soupe au lait », trouvera son bonheur dans le marigot macroniste : « Franchement, vu les coups de sang qu’il avait déjà à EELV alors qu’il partageait la ligne, je ne le vois pas tenir longtemps dans un mouvement comme LREM », se marre un écolo.
Le « sens du placement »
Il n’y a guère que Vanessa Jérôme, politiste et autrice d’une thèse sur « les carrières militantes » chez EELV, qui voit une certaine logique dans la séquence. Entre le Pascal Canfin « social-démocrate catho de gauche » et le Pascal Canfin social-libéral, le glissement n’est pas si abracadabrant, souligne-t-elle.
L’ancien journaliste à Alternatives économiques devenu « monsieur WWF » après être passé chez Europe-Écologie, puis au gouvernement Ayrault, « a toujours pensé qu’il devait capitaliser sur son expérience, rappelle la chercheuse, qui le connaît bien. Il estime qu’il faut être du côté de ceux qui ont un impact, a un sens du placement très pointu, et joue toujours la carte de l’expertise. En réalité, avec son côté “réaliste” et libéral, il ressemble plus à un Vert allemand qu’à un Vert français ».
Profil fort différent, en revanche, de Pascal Durand, l’ancien libertaire fils de résistants communistes, converti à l’écologie par un ouvrage de Murray Bookchin trouvé par hasard dans une fête du Parti socialiste unifié (PSU). Un gauchiste passé à droite, avec armes et bagages… « Pascal Durand a expérimenté, notamment lors de son mandat de parlementaire européen, le compromis politique. Et puis, même s’il a été secrétaire national du parti, il n’a jamais été le plus “corporate” », observe Vanessa Jérôme.« Par ailleurs, son départ dela direction s’est fait de manière très violente en interne. Tous ses amis lui ont tourné le dos », raconte Arthur Nazaret, journaliste et auteur de Une histoire de l’écologique politique, de René Dumont à Nicolas Hulot (La Tengo, 2019, 22 euros).
Point commun entre les deux Pascal, toutefois : leur proximité avec la branche « Europe-Écologie » d’EELV. Créée en 2008, l’association rassemble Daniel Cohn-Bendit, Nicolas Hulot, Jean-Paul Besset ou André Gattolin qui tous, ont, depuis, rejoint, plus ou moins officiellement, LREM. « La bande d’Europe Écologie était sur une ligne “ni gauche ni droite” et accordait peu d’importance à la forme “parti” », avance Vanessa Jérôme, pour expliquer les désertions successives de tout ce petit monde.
C’est que le départ de Pascal Canfin et de Pascal Durand s’inscrit dans une longue histoire de défections. Les Danny Cohn-Bendit, François de Rugy, Barbara Pompili, Emmanuelle Cosse, ou Jean-Vincent Placé… La liste est longue des cadres qui ont quitté le navire EELV, direction les partis sociaux-démocrates ou sociaux-libéraux. Il y a aussi Alain Lipietz, exclu d’EELV pour avoir fait une « alliance contre nature » (l’expression est d’Emmanuelle Cosse et de Jean-Vincent Placé) avec l’UMP à Villejuif, en 2014. Trajet inverse pour d’autres : Sergio Coronado ou Patrick Farbiaz ont choisi de rejoindre La France insoumise. Pierre Serne, Yves Contassot ou Claire Monod ont quant à eux rallié Génération·s… « Oui, dans notre histoire, de temps à autre, un mec quitte le peloton, et ensuite, il disparaît », tacle un conseiller de l’ombre d’EELV.
Comment expliquer un tel turnover ? « Le sentiment d’appartenance au parti est plus faible que dans d’ordres organisations, notamment car l’écologie politique est encore peu professionnalisée. Par ailleurs, la vie interne est assez dure », pointe Arthur Nazaret.
Reste à savoir comment les deux écolos fraîchement arrivés dans le bain de LREM pourront supporter leurs contradictions. Pas une mince affaire, quand on se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, ils n’hésitaient pas à critiquer la politique gouvernementale.
« Pascal Durand a toujours considéré qu’il fallait que les écolos arrêtent de se parler à eux-mêmes. Et puis ce fils de résistant est sincèrement très sensible à la montée des populismes en Europe »,
explique Arthur Nazaret.
Ce que semble également confirmer Pascal Canfin, dans une interview au Monde ce mardi : « Nous sommes dans un contexte historique, avec le Brexit, la montée des nationalismes qui impose de prendre ses responsabilités pour lutter contre la fragmentation de l’Europe. La liste soutenue par le président de la République est la seule à pouvoir structurer, demain, une coalition plus progressiste au Parlement européen ».
Vanessa Jérôme, elle, estime qu’ils évacueront leur propre dissonance cognitive par le fait que le Macron national n’est pas tout à fait le Macron européen : « Le parti LREM auquel ils s’adjoignent, c’est celui de l’européisme, pas celui des flashballs. »
Il y a enfin la question de l’impact des défections de Pascal Canfin et Pascal Durand sur la campagne d’EELV. D’un côté, l’affaire pourrait permettre une clarification à bon compte de la ligne d’EELV : le parti, qui refuse de se positionner sur un axe gauche-droite, peut faire du départ des deux Pascal un argument de sa cohérence politique.
L’interview de Yannick Jadot au Point où l’eurodéputé sortant soulignait que la politique écologique pouvait s’accorder avec l’économie de marché a fait grincer des dents chez les électeurs de « gauche ». Ces derniers pourraient trouver dans le départ des « libéraux » Canfin et Durand une manière de se rassurer sur la ligne d’EELV.
N’empêche : la stratégie d’EELV, qui consistait pour une part à rassembler les déçus du macronisme, a désormais un peu de plomb dans l’aile, puisque ce sont ses propres déçus qui rejoignent le macronisme.
« Avoir beaucoup de profils écologistes est […] une très bonne stratégie pour faire progresser cette cause », avançait Pascal Canfin, dans l’interview au Monde. Manière de rattraper par la manche les électeurs de la présidentielle pour leur dire que non, leurs illusions ne sont peut-être pas tout à fait perdues.
Enfin, l’article du canard enchaîné : Bruits de verts