La bibliothèque du Taslu vous invite le mercredi 8 mai à venir participer à une journée de réflexion sur l’écologie (programme ci-dessous), où il s’agira à la fois de se rendre compte des implications concrètes, matérielles, que peuvent avoir les bouleversements climatiques sur les territoires que nous habitons et sur nos vies, et également de penser les luttes et conflits nécessaires pour prendre à bras le corps la question écologique.
Les soulèvements de la Terre peuvent être vus comme une révolte géologique et climatique contre ce que le capital impose au vivant. Les discours apocalyptiques ont de l’écho ; la catastrophe n’est plus à venir mais en cours, présente partout pour qui veut bien percevoir et écouter l’effondrement de la diversité des formes de vie.
Pourtant, devant l’ampleur du désastre amorcé, la résignation, le sentiment d’impuissance ou une indifférence passive semblent régner, même si çà et là, des gilets jaunes aux marches de jeunes pour le climat, des résistances contre les grands projets inutiles au désir de prendre soin de ce qui nous entoure, des gestes, des sursauts, des éclairs, dessinent les chemins d’une vie bonne.
L’écologie est une des clefs pour faire advenir la nécessité d’un changement profond de paradigme plutôt qu’une manière de s’en remettre toujours plus à l’État ou à la technologie pour retarder la catastrophe. Il y a urgence à ériger un futur désirable qui ne soit ni celui proposé par les transhumanistes, ni celui d’un monde toujours plus contrôlé et optimisé, ni enfin celui inégalitaire où une minorité de favorisés continue à vivre hors du terrestre aux dépens de tous.
Si la zad de Nddl a suscité un grand enthousiasme, ce n’est pas seulement parce qu’elle a mené une lutte victorieuse contre les infrastructures du désastre et la dégradation du vivant. C’est également qu’elle exprime une possibilité utopique et joyeuse d’un autre mode de vie, grâce à son rapport ancré au territoire et à sa façon d’y déployer des communs.
Pour prolonger cette double perspective, le Taslu vous invite à venir nombreux dès 10h, mercredi 8 mai à la zad. Cette journée s’inscrit dans le cadre du cycle Les soulèvements de la terre, qui se déroulera tout le long du mois de mai à Rennes : https://expansive.info/Les-soulevements-de-la-Terre-cycle-de-reflexion-sur-l-ecologie-1532
Programme Journée de réflexion sur l’ECOLOGIE à la zad de Notre-Dame-des-Landes
Mercredi 8 mai, à partir de 10h, au Taslu, la Rolandière, 44130 Notre Dame Des Landes
10h
Réflexions autour de la forêt
– Quelques considérations sur le réchauffement climatique en cours et ses répercussions sur les écosystèmes forestiers.
– Sortir de l’exploitation du vivant et arpenter d’autres imaginaires que la sacralisation : la forêt en exemple.
Avec Michel et Clément, membres d’Abrakadabois (groupe de bûcherons, charpentiers, élagueurs, ingénieurs forestiers, sur la zad).
12h
L’avis du sol : un atout contre le réchauffement et les aléas climatiques. Avec Xavier, habitant de la zad, ancien agriculteur.
Repas Amenez votre pique-nique !
14h
Balade botanique anticipatrice post-apocalyptique : à quoi ressemblerait la zad à 4 degrés de plus ? Avec Jean-Marie, naturaliste en lutte.
16h30
La recomposition des mondes (Seuil, 2019) avec Alessandro Pignocchi, auteur de BD
Présentation de sa nouvelle BD avec tout particulièrement un accent mis sur sa vision de la zad comme un territoire où vise à être dépassée la séparation entre nature et culture.
16h30
Sauvons les terres et le climat !
– Quels impacts du réchauffement climatique sur nos pratiques agricoles ?
– Lutte foncière à la zad et ailleurs : arracher des terres agricolescommunes pour les préserver durablement et y faire vivre un autre type d’agriculture
Avec Cécile, éleveuse de brebis sur la zad et technicienne à Patur’ajuste, réseau pour la valorisation des végétations naturelles par l’élevage, et Thomas Rabu, éleveur de brebis, paysan boulanger à Varades (44), et membre du réseau Paysans de nature.
18h30
Que faire ? Face à l’ampleur du désastre écologique, comment et où trouver la force d’agir et ne pas se laisser submerger par un sentiment d’impuissance ?
– Histoire des camps climat des années 2000 par Isabelle Frémaux et John Jordan – Marche pour le climat : quelles ambitions ? Quelles perspectives ? Comment et depuis où s’y impliquer ?
21h Repas
22h Rite autour de la forêt de Rohanne et Boum apocalyptique
LES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE
Un cycle de réflexion sur l’écologie au mois de Mai à Rennes
Retrouver tout le programme en version pdf.
« Voilà une inversion du rythme des métamorphoses : l’humain éphémère est désormais plus stable que son milieu, moins périssable, alors qu’il était jusque-là le fugitif dans la minéralité impassible des paysages, et l’éternel cycle des mêmes saisons. Imaginez : un tiers des espèces vivantes de la planète, vieilles chacune de millions d’années, pourrait disparaître avant vous, dans le courant d’une vie humaine. » [1]
[1] Citation de Baptiste Morizot, « Ce mal du pays sans exil. Les affects du mauvais temps qui vient. »
Au sein de cette étrange époque, les soulèvements de la Terre se multiplient : des ouragans ravagent des villes entières, des amarantes résistantes envahissent des champs d’OGM, des gilets jaunes pillent la « plus belle avenue du monde », des milliers de jeunes sèchent les cours « pour le climat », et tant d’autres ami.e.s se battent contre la construction de mines, de centrales biomasses, de centres commerciaux, l’enfouissement de déchets nucléaires, pour la protection des forêts, des espèces et des terres agricoles…
Ces moments politiques parviennent parfois à opérer des jonctions les uns avec les autres, à se répondre ne serait-ce que symboliquement, à comprendre ensemble la situation qui leur est faite, pour mieux y résister. Mais toute forme de contestation se confronte toujours au risque de se retrouver enfermée dans les problèmes que l’on veut lui imposer d’en haut.
Nous nous demandons « comment résister à la destruction unilatérale des milieux vivants ? », les médias et les gouvernants rétorquent « comment modifier notre consommation pour qu’elle soit compatible avec un développement durable ? »
Pour rester vifs et non englués dans les faux-problèmes imposés par les classes dirigeantes et leurs soutiens, nous vous invitons à un cycle de réflexion sur l’écologie, qui se déroulera tout le long du mois de Mai à Rennes.
Le weekend du 11 et 12 Mai sera un moment clé, regroupant des chercheurs (en histoire, préhistoire, philosophie, anthropologie), et des participants aux mouvements des gilets jaunes et pour le climat. Nous interrogerons à la fois la situation écologique et politique actuelle, ses impasses et ses potentiels, les inventions nécessaires pour lui donner de l’endurance, en prenant aussi le temps de revenir sur la « géohistoire » du capitalisme (sa manière spécifique d’organiser le tissu de la vie), nous permettant de comprendre d’une autre manière ce qui nous arrive. Il nous faudra également faire vaciller l’évidence du sens que nous donnons à des notions communes telles que « société » et « nature » : d’où vient notre propre manière de comprendre le monde, séparé entre l’univers des humains et celui de la nature ? Au fil des discussions, nous pourrons participer à reconstruire nos analyses et nos luttes par delà la fausse opposition entre la nature et la société. Nous voulons faire sentir que l’écologie est moins une addition à la liste interminable des domaines de la lutte qu’un changement profond de paradigme, qui met au centre les relations constitutives entre les humains et le reste de la nature, pour comprendre le monde, la politique, le pouvoir et le capitalisme.
Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/631833070573821/
Les dates manquantes seront affichées sur le site https://maisondelagreve.org/
Programme
JEUDI 9 MAI / 18H30 À LA MAISON DE LA GRÈVE
From the sixties to the end : cartographie partielle et partiale de notre héritage écologique
Contre l’amnésie et son monde, soirée de présentation d’une série d’évènements, groupes, mouvements qui ont fait l’histoire de l’écologie politique.
VENDREDI 10 MAI / 20H À LA MAISON DE LA GRÈVE
Défendre la part sauvage du monde
Que peut vouloir dire « le sauvage » et « la nature » à l’heure où la quasi totalité des milieux sont anthropisés ? Quelles pratiques, quelles modalités d’action et de luttes politiques sont à l’œuvre ou à inventer pour les défendre ?
Avec Sylvain Piron (auteur de l’Occupation du monde et engagé dans la lutte pour la défense de la forêt de Romainville), Virginie Marris (auteur de La part sauvage du monde), et Clément du collectif Abrakadabois sur la ZAD
SAMEDI 11 & DIMANCHE 12 MAI
Week-end d’interventions, de discussions et de débats
À l’Espace Deux Rives
(4 allée Georges Palante, Rennes. Possibilité de garer des voitures sur place, parking à disposition ; accès par le Bus C4, arrêt Robidou)
SAMEDI 11 MAI
10h / La guerre des écologies.
Si le capitalisme n’est pas un système économique séparé de la nature, mais une manière d’organiser les relations entre les humains et le reste de la nature, comment décrire cette écologie pour la combattre ?
Avec Christophe Bonneuil, Bernard Aspe
Voir le texte de problématisation de cet axe
Déjeuner sur place
14h / Par-delà nature et culture. Comment l’anthropologie et la préhistoire peuvent-elles nous aider à vivre, imaginer et défendre une autre écologie ?
Première partie : Quelle est la genèse du rapport occidental à la nature ? Avec Charles Stepanoff (anthropologue)
Deuxième partie : Comment certaines pratiques et luttes viennent-elles troubler l’héritage du naturalisme et de la modernité ? Avec Elina Kurovskaya et Hadrien Munier (anthropologues)
Dîner sur place
21h / Récits de terrain au Kamtchatka, par Nastassja Martin (anthropologue, auteur de Les âmes sauvages)
DIMANCHE 12 MAI
Se battre pour le climat ou pour ses conditions de vie : qu’est-ce qu’une lutte écologique ?
10h30 / Introduction par Maxime Chédin, membre de la revue Terrestres
11h30 / Table ronde 1 : De la conscience du climat à l’ancrage des luttes territoriales, tracer une ligne de crête.
Des membres de la revue Z, Maxime Chédin, des étudiants du mouvement climatestrike, J. porte parole de la coalition climat 21 lors de la COP 21 de 2015
Repas sur place
14h30 / Table ronde 2 : Gilets jaunes : Poser la question écologique depuis les ronds points.
Avec des Gilets jaunes de Bretagne et d’ailleurs..
MERCREDI 15 MAI / 18H À LA MAISON DE LA GRÈVE
Stratégie capitaliste & résilience
La conscience de l’entrée dans une nouvelle ère frappe aussi les sphères dirigeantes, qui se demandent comment rebondir et en tirer de nouveaux profits, voire de nouvelles techniques de gouvernement.
Avec Benoît Dauguet, doctorant sur la « compensation écologique », et Jean-Baptiste Vidalou, auteur du livre Etre forêts et opposant au complexe d’éoliennes industrielles en Aveyron.
DIMANCHE 19 MAI / 18H À LA MAISON DE LA GRÈVE
Vivre et travailler avec les animaux
Si l’abolition de l’élevage industriel fait aujourd’hui partie de notre perspective politique, doit-on néanmoins définitivement rompre le lien avec les animaux domestiques et d’élevage ? Ne doit-on pas réinventer une communauté paysanne avec les animaux dans une perspective écologique post-industrielle et post-pétrole ?
Avec Pierre Madelin (auteur d’Après le capitalisme), Jean-Yves Ruelloux (éleveur de chèvres en Bretagne), et Cécile (éleveuse de Brebis sur la ZAD)
SAMEDI 25 MAI
Explorer les lieux-monde
14h / Balade jeu de piste exploratoire d’un lieu-monde. Rendez-vous sur le parking du cimetière de Pont-Réan. Apportez de bonnes chaussures, de l’eau, un goûter à partager, une frontale, de quoi prendre des photos.
20h / Présentation de l’ouvrage Les lieux-monde de Martin Mongin (lieu à définir)
MARDI 4 JUIN / 18h A LA MAISON DE LA GRÈVE
DÉFENDRE LES FORÊTS. RÉAPPROPRIATIONS ET INITIATIVES LOCALE EN
ILLE ET VILAINE.
Projection du film Le temps des forêts de François Xavier Drouet
Discussion avec des membres de collectifs et associations locales autour du bois, des arbres et de la forêt.
Le film « le temps des forêts » dresse un constat bien sombre de l’actuelle gestion intensive d’une partie des forêts françaises. Les méthodes de l’agriculture industrielle appliquées aujourd’hui entravent autant la vie de la forêt que celle des personnes qui y travaillent. Quelles pratiques sont à l’oeuvre ou à imaginer pour combattre cette gestion industrielle et appréhender d’autres usages et relations avec les arbres ? Lorsque l’on n’est ni forestier, ni propriétaire de forêt, il paraît difficile d’avoir prise sur cette situation. Pourtant, de nombreuses associations et collectifs prennent en charge ces questions actuellement, défendent des forêts, redécouvrent des manières attentives d’observer leur évolution, de sélectionner les arbres à couper. Lors de cette soirée, nous discuterons avec des collectifs et associations, qui, depuis l’intérieur ou l’extérieur de la filière bois, pratiquent d’autres manière de se rapporter à la forêt.