9 mai 2019
Au moment de l’abandon du projet de NDDL, nous avions décidé de poursuivre notre action sur les deux plans, l’optimisation de Nantes-Atlantique et la poursuite des projets sur l’ancienne Zad.
Du côté de Notre-Dame-des-Landes, le CéDpa se réjouit que le Département ait repris les conventions d’occupation précaires signées par l’État pour les transformer en baux assurant ainsi aux agriculteurs historiques et aux nouveaux habitants porteurs de projets un avenir plus sûr. Reste la question complexe de l’habitat dans la zone. Le CéDpa ne peut évidemment souscrire au maintien de toutes les constructions précaires, éparpillées sur l’ensemble de la zone humide, mais estime nécessaire que soit reconnu un droit à rebâtir sur les sites qui ont été détruits pendant la phase de résistance au projet NDDL. Le Plan Local d’Urbanisme intercommunal étant actuellement en cours d’enquête publique, le CéDpa va déposer une contribution pour que ce droit y soit intégré.
Du côté de Nantes-Atlantique, l’Atelier citoyen auquel un certain nombre d’entre nous participent, a pris toute sa place à la Commission consultative de l’Environnement de l’aéroport et participera à la concertation à venir (prévue du 27 mai au 31 juillet). Cependant le climat local est plutôt délétère et n’augure pas d’un débat serein. Il suffit de lire les articles consacrés par la presse locale à Nantes-Atlantique pour le constater. « Fiasco », « bataille », « supercherie », « colère », « doute », pas beaucoup de positif dans tous ces mots glanés au fil des articles. Il faut dire que depuis un an, rien n’est encore concrètement tangible pour les riverains, sauf l’augmentation du trafic… On attend la promulgation du Plan de Gêne Sonore, qui devrait certes permettre à de nombreux ménages d’isoler leur habitat mais dans combien de temps ? Quant à l’arrêt des vols de nuit, il aura fallu un an pour que les élus mettent d’accord, combien en faudra-t-il pour l’application de cette mesure indispensable?
Le récent rapport de l’Autorité environnementale sur le dossier et les réserves de la Commission Nationale du Débat Public, en charge de la concertation, sont abondamment commentés mais curieusement ces commentaires contribuent à rallumer l’incendie plutôt qu’à en chercher les responsables. Et le risque est grand de voir pendant la consultation les riverains s’opposer les uns aux autres, ( habitants de Saint-Aignan contre habitants de Nantes et Bouguenais sur le prolongement de la piste ? Habitants sous les trajectoires contre habitants susceptibles de l’être ? Habitants pour un hypothétique transfert et habitants voulant surtout des améliorations rapides). Tout cela aurait pu et dû être évité. Qui est responsable de ces tensions ? D’abord et en premier lieu la Direction Générale de l’Aviation civile comme le prouvent les critiques formulées par l’Autorité environnementale : après avoir raconté à peu près n’importe quoi sur NDDL et sur Nantes-Atlantique, la voilà qui repasse les plats en proposant un allongement excessif de la piste ( qui ne peut que faire hurler les riverains), en voulant imposer des changements de trajectoires qu’elle n’entend même pas discuter, et en estimant à nouveau le coût de réaménagement selon le principe de désir (le sien) mais pas selon la réalité chiffrée des autres aéroports. Évidemment, aussitôt, les déçus de l’abandon crient au scandale et au mensonge, en attaquant la médiation de l’année 2017 mais ils se trompent de menteurs hélas ! Il suffit de regarder ce qui se passe sur Bordeaux ou Marseille pour voir que le concessionnaire, quel qu’il soit, saura construire pour un coût bien inférieur, pas par philanthropie mais pour gagner de l’argent. Quand l’État prendra-t-il enfin la décision d’imposer à cette Direction Générale, véritable État dans l’État, une attitude pragmatique et responsable ? Emmanuel Macron qui avait dit au début de son mandat être prêt « à couper des têtes » dans l’administration pour que les choses avancent, qui ne cesse de prétendre vouloir AGIR et vite pour que les citoyens voient des résultats aurait eu là un joli cas d’école…
Mais il ne faut pas exonérer la classe politique de sa responsabilité dans ce fiasco , car ce serait aussi à elle de proposer une vraie sortie de crise. En commençant par réfléchir aux questions que pose le transport aérien. Car le débat de fond de cette concertation devrait moins porter sur l’emplacement des parkings ou la qualité d’une nouvelle aérogare que sur le développement du trafic aérien et sur l’intermodalité. Il y a là des questions cruciales, par rapport au climat, par rapport au traitement équitable des citoyens : Pourquoi le kérosène n’est-il pas taxé alors que l’avion ne concerne qu’une minorité d’usagers ? Pourquoi est-il moins cher d’aller à Lyon en avion qu’en train ? De quelles aides précises les compagnies à bas coûts bénéficient-elles ? Pourquoi les infrastructures ferroviaires existantes ne sont-elles pas mieux utilisées ? Poser ces questions et y réfléchir permettrait de penser concrètement la transition écologique dont tout le monde se gargarise désormais (sur le papier), mais aussi de répondre aux craintes des riverains de voir le trafic exploser.
Je redoute qu’il n’en soit rien. Parce que certains veulent continuer à prendre de plus en plus l’avion, pourvu qu’il fasse du bruit ailleurs, parce que d’autres continuent à répéter attractivité et compétitivité en boucle, et parce que le concessionnaire n’a d’autre objectif que de gagner le plus possible d’argent (ce qu’il fait fort bien depuis 2010…). Décidément, peu de leçons auront été tirées de ce projet raté, à tout niveau. Quant à demander des comptes aux vrais responsables du fiasco NDDL-Nantes-Atlantique, ce n’est visiblement pas à l’ordre du jour !
Françoise Verchère, coprésidente du CéDpa