Dominique Garnier est producteur de lait bio depuis près de dix ans, en Mayenne. Mais peut-être plus pour très longtemps. La commune de L’Huisserie souhaite acheter neuf hectares de terrains de son exploitation agricole (il est locataire) en vue de faire un lotissement. Selon l’agriculteur bio, cette acquisition signerait l’arrêt de mort de son exploitation. Pas pour le maire, Jean-Claude Bouhours, qui assure que des solutions sont recherchées.
« Si cette urbanisation se fait, j’arrête tout. Je suis écœuré. » Dominique Garnier, 48 ans, est producteur de lait bio depuis près de dix ans à L’Huisserie (Mayenne). Mais peut-être plus pour longtemps, selon lui.
La commune de L’Huisserie souhaite acheter neuf hectares de son exploitation agricole à ses propriétaires (Dominique Garnier loue les terres) en vue de développer un lotissement.
Selon l’agriculteur, cette acquisition de terrains priverait son exploitation de… 29 hectares de pâturage, « car le lotissement qui occuperait les treize hectares est traversé par une route qui fait barrage au passage des animaux. » Résultat : les quatre-vingts vaches laitières de Dominique Garnier ne pourraient plus pâturer en paix, dans ses champs.
L’obligation de fournir du lait de foin
Cet agriculteur bio livre la quasi-totalité de sa production annuelle de lait (230 000 litres) à la fromagerie d’Entrammes. Problème : si ses vaches ne peuvent plus pâturer, Dominique Garnier ne respectera plus le cahier des charges de la coopérative lait bio du Maine, dont dépend la fromagerie d’Entrammes.
« Il nous interdit l’utilisation de fourrage conservé par voie humide(ensilage, enrubannage, etc.). Mes vaches ne mangent que de l’herbe pâturée ou du foin, les mois d’hiver,indique Dominique Garnier. Il faut spécifiquement du lait de foin. »
Cette dénomination fait référence à l’alimentation des animaux laitiers (vaches, chèvres etc.) et certifie une alimentation sans OGM, composée à 75 % d’herbe ou de foin.
Pétition sur internet et blog pour livrer sa version des faits
Selon lui, l’urbanisation de ses terres bio signerait rien de moins que l’arrêt de mort de son exploitation. Dominique Garnier a ouvert une pétition sur internet intitulée « J’veux du bio dans ma commune. » Cet agriculteur 2.0 a aussi ouvert un blog pour livrer sa version des faits.
Le futur plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de Laval Agglomération est dans la ligne de mire de l’éleveur. Au sein de ces – très épais – documents de plusieurs milliers de pages, figure ce que prévoit de faire L’Huisserie en matière d’urbanisation. Tout comme les trente-trois autres communes de l’agglomération. L’enquête publique concernant le PLUi a été ouverte le lundi 17 juin. Elle se termine le jeudi 18 juillet.
« Ne pas influencer l’enquête publique »
Le maire de L’Huisserie, Jean-Marc Bouhours, assure que des solutions seront bien recherchées pour que Dominique Garnier puisse continuer à faire vivre son exploitation. « Ses préoccupations seront prises en compte. »
L’élu invite Dominique Garnier à se rapprocher du commissaire-enquêteur pour faire valoir ses observations (1). Jean-Marc Bouhours n’en dira pas plus afin, assure-t-il, « de ne pas influencer l’enquête publique ».
(1) Le commissaire-enquêteur sera en mairie de L’Huisserie le 6 juillet
Article et photo Ouest-France Mikaël PICHARD