Forêts publiques : l’État réfléchit au démantèlement de l’ONF

Vous trouverez ci-dessous le communiqué rédigé conjointement par le groupe forêt de la commission environnement EELV et la commission agriculture et ruralité EELV :

EELV a, à plusieurs reprises alerté sur le devenir de l’Office National des Forêts et plus récemment en soutenant la marche des forestiers de l’automne 2018 et le manifeste de Tronçais signé par de nombreuses ONG nationales et par les organisations syndicales.

Déjà affaibli par les réformes réalisées par les gouvernements successifs, l’établissement est aujourd’hui menacé d’une disparition pure et simple. La Fédération des Communes Forestières souhaite, dans un manifeste rendu public, prendre le contrôle de la gestion des forêts des collectivités avec au passage la privatisation de la conception des aménagements forestiers. Ce mouvement fait en partie réponse à une volonté de l’État d’encaisser directement via l’ONF les recettes forestières communales pour les reverser ensuite après prélèvement de sa commission.

La forêt est pourtant au centre des solutions face à la crise écologique et climatique. Les forêts publiques françaises au premier chef, qui concentrent les écosystèmes les plus complets et les stocks de biodiversité et de carbone les plus conséquents.

Le modèle économique de l’ONF n’est pas viable. En 2019 l’endettement de l’ONF dépasse 400 millions d’euros pour un budget annuel de 850 millions. Des décisions de gestion contestables ont été prises par les directeurs successifs qui ont affaibli l’établissement. L’ONF n’est pas exempt de critiques sur sa gestion sylvicole (coupes rases, monocultures intensives, prélèvement dans le nouveau Parc National de Forêts de Plaines, exploitations massives de bois énergie à travers sa filiale).

EELV a toujours dénoncé l’incompatibilité entre les missions régaliennes dévolues à l’ONF et la gestion commerciale, y compris dans le domaine concurrentiel. Mais la désintégration d’un service public national qui assure la péréquation et l’équité de traitement entre toutes les forêts publiques ainsi qu’une grande stabilité dans la fourniture de bois pour la filière aval (l’ONF mobilise près de 40 % du bois en France) nous semble contraire à l’intérêt collectif national.

Les propositions EELV visent à redéfinir et séparer clairement les missions nécessaires à la gestion durable éthique des forêts publiques (documents de gestion, surveillance, éducation, orientations de sylviculture et marquage des bois, programmation des travaux, chasse…), des actions commerciales (ventes de bois, réalisation des travaux, expertise, interventions hors forêts publiques).

A ce titre, l’ONF doit rester l’interlocuteur et gestionnaire unique de toutes les forêts publiques. Il faut redonner de l’indépendance éthique à l’ONF à travers un budget annuel. La disparition de ce service public séculier serait une catastrophe pour toutes les forêts publiques qui seraient offertes aux appétits des industriels de la filière, avec la complicité volontaire ou non des collectivités locales.

Nos analyses et propositions pour la forêt sont disponibles à l’adresse suivante :

https://ecologie-nature.eelv.fr/wp-content/blogs.dir/293/files/2015/09/LivretA5_forets_ete2015_BD_OK.pdf

Pour le Groupe Forêt de la Commission Nature et Environnement René Montagnon,  Gilles Billot, Gilles Euzenat

Pour la Commission Agriculture et Ruralité, Anny Poursinoff et Léo Tyburce