Allonnes. Une université populaire pour « prendre le temps de penser »

Un jeune doctorant originaire d’Allonnes en périphérie mancelle souhaite lancer dans sa commune d’origine la première université populaire en activité de la Sarthe.

Un article paru dans le quotidien régional Le Maine Libre développe son projet.

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Allonnes, juin 2019. Hugo Gaillard veut rendre accessible à tous la culture générale. © Photo Le Maine Libre – Yvon LOUÉ

Allonnais et doctorant à l’université du Mans, Hugo Gaillard est le président de la récente Université populaire d’Allonnes.

Le Maine Libre : Vous êtes doctorant en management à l’université du Mans. Qu’est-ce qui vous a motivé à créer une université populaire ?

Hugo Gaillard : « Une sensibilité certainement et sans doute aussi une déformation professionnelle. La recherche, au sens large, m’intéresse. Il me semble qu’on donne peu la parole aux scientifiques dans le débat public, j’ai envie de changer cela.

L’objectif est de rendre accessibles à tous des connaissances et des compétences en s’appuyant sur des experts mais également des acteurs locaux. Nous voulons que les gens prennent le temps de penser. On pose son téléphone, son ordinateur, et on échange, ensemble, autour d’un thème défini à l’avance. »

Comment fonctionnera l’université populaire ?

« Nous avons prévu six rendez-vous qui prendront la forme de master class animées par des scientifiques, des témoignages sur un fait d’actualité et des débats d’intérêt local.

Pour cette première année, nous avons choisi des thèmes très différents pour toucher un maximum de monde mais ensuite ils pourront nous demander les sujets qu’ils souhaitent voir traiter. »

Vous pouvez nous en dire davantage sur ces thèmes ?

« La conférence de lancement portera sur l’infobésité avec Jean-Marie Charon, sociologue des médias affilié au CNRS. Il dressera le portrait de l’évolution du paysage médiatique français et donnera les clés pour s’informer aujourd’hui. On parlera également d’écologie, début 2020, avec Luc Abbadi, professeur d’écologie à l’Université Pierre-et-Marie Curie, à Paris, d’évolution alimentaire, des théories du complot…

Nous avons également programmé en mars 2020 une conférence à l’attention des lycéens, pour les préparer à leurs oraux de baccalauréat. Des lycées ont déjà pré-réservé 150 places. »

Il s’agit de la première université populaire sarthoise en activité. Pourquoi avoir fait le choix d’Allonnes ?

« D’abord parce que je suis Allonnais. Ensuite parce que cela me semblait être la commune idoine. Allonnes a un engagement fort pour la culture, elle est porteuse de nombreux projets. Nous souhaitons concourir à donner une bonne image de la ville. C’est aussi parce qu’Allonnes est une ville populaire.

Nous espérons que nos conférences toucheront les jeunes et avons l’espoir que l’université populaire soit un tremplin pour l’université tout court. »

Justement, quel public visez-vous particulièrement ?

« Tout le monde dès l’instant où la personne a l’âge et la maturité de réfléchir par elle-même. Nous souhaitons toucher les Allonnais bien sûr, mais pas seulement. L’objectif est de créer une communauté autour de cette université populaire, de désenclaver la ville, de la faire rayonner. L’enjeu est de savoir si les mondes sont vraiment différents et si oui, comment peut-on faire pour qu’ils se parlent. »

Vous avez fait le choix de la gratuité de l’accès à la connaissance. Comment comptez-vous financer les différents rendez-vous ?

« Cela ne pouvait pas être autrement. Parler de ses recherches, les vulgariser auprès du grand public fait partie du travail des chercheurs. Aucun intervenant ne sera rémunéré. Nous nous engageons en revanche à prendre en charge leurs frais. Nous demandons une adhésion annuelle de 2 €, non obligatoire.

Ceux qui le souhaitent pourront évidemment donner davantage. Nous allons également faire appel à des mécènes, aux collectivités pour qu’elles nous aident financièrement et/ou matériellement. Et nous lançons à partir de ce lundi 1er juillet 2019 un financement participatif. »

Vous pensez que le public va adhérer à ce projet ?

« On l’espère fortement et les premiers retours sont très encourageants. Il ne s’est encore rien passé et les gens s’y intéressent déjà ! 100 personnes se sont déjà inscrites à notre newsletter mensuelle alors que nos boîtes mail en sont déjà inondées. Nous sommes convaincus qu’il y a une réelle attente. »

Renseignements par mail unipop72@gmail.com ; par courrier à Université populaire d’Allonnes, appartement 5350 – 22, rue Charles-Gounod, 72700 Allonnes.

Propos recueillis par Sophie TOUGERON