Sur l’agglo nantaise, le covoiturage simple comme un ticket de tram

Payer son covoiturage au prix d’un ticket de tram, c’est ce que proposeront, à l’automne, la Semitan et l’entreprise Klaxit. Explications, avec son patron.

Entretien

Julien Honnart, président et co-fondateur de Klaxit, application créée en 2014 pour favoriser le covoiturage domicile-travail, choisie, en avril 2019, à l’issue d’un appel d’offres, pour intégrer les services de la Semitan (Société d’économie mixte des transports de l’agglomération nantaise) à l’automne.

Comment va fonctionner le covoiturage via l’application que vous développez ?

Nous mettons en relation des conducteurs et des passagers qui se rendent sur leur lieu de travail. Notre promesse pour le conducteur, c’est qu’il ne fera pas de détour : il choisit les endroits où il accepte de prendre des passagers. Il a donc un minimum de contraintes et il est payé. Le montant est en cours d’arbitrage (1), mais la rémunération est absolument nécessaire, car sans intérêt économique, on ne prêche que des convaincus !

Pour le passager, l’application proposera le meilleur trajet combinant du covoiturage et, si besoin, des transports en commun. Par exemple : il pourra covoiturer jusqu’à un parking relais, puis prendre le tram. Et payer le tout via la carte Libertan (2).

C’est là la grande nouveauté. Nous travaillons déjà avec des villes qui participent à financer du covoiturage, comme Clermont-Ferrand ou Poitiers, mais sans cette articulation avec les transports en commun.

Nantes est donc pionnière en la matière ?

Oui. Ce paiement unique, qui reconnaît le covoiturage comme un transport en commun à part entière, c’est une innovation majeure. À ma connaissance, une première en France.

Les voitures partagées pourront aller partout, y compris dans des zones où vivent trop peu de personnes pour y faire passer un bus. Pour moi, ce système va définir un véritable standard pour les années à venir.

Comment le réseau de conducteurs et de passagers va-t-il se mettre en place ?

Nous allons largement nous appuyer sur les entreprises : 265 sont déjà clientes chez nous. Elles sont la colonne vertébrale du réseau. L’intérêt, pour elles, d’inciter leurs salariés à s’inscrire, c’est de réduire les places de parking, d’améliorer leur image de marque et de fidéliser leurs employés.

Combien de personnes utilisent aujourd’hui Klaxit ?

Nous comptons 200 000 membres, auxquels s’ajoutent les 950 000 du site IDVroom, que nous avons racheté en juillet, qui ont vocation à passer sous la marque Klaxit. Au total, ces membres proposent deux millions de trajets par jour en France, et 60 % à 80 % des gens trouvent des covoitureurs.

Dans certaines villes, vous proposez une garantie retour. Cela consiste en quoi ?

Si un conducteur a emmené un passager le matin mais ne peut plus le ramener le soir, parce qu’il a un contretemps, le passager peut prendre un VTC pour rentrer chez lui, gratuitement, grâce à un système d’assurance. C’est une garantie large proposée dans nos entreprises partenaires, pas avec plein d’astérisques, de conditions ou de justificatifs ! Il y aura une garantie de ce type, avec un nouveau système, à Nantes.

À terme, avec vos équipes d’Angers et de Paris, vous voulez créer un centre d’excellence Maas ou Mobility as a service. Qu’est-ce que c’est ?

On veut développer une application qui puisse offrir les mêmes services qu’une voiture, mais sans voiture. Par exemple, en semaine, on pourra y trouver du covoiturage pour aller travailler, et le week-end, une solution pour louer un vélo ou une voiture en autopartage. À la fin, ce sera plus pratique et moins cher qu’une voiture individuelle que l’on possède.

(1) Cette indemnité sera versée par la Semitan, qui ne communique pas pour l’heure sur son montant. Pour exemple, à Lannion (Côtes-d’Armor), où le service de Klaxit existe, la rémunération du conducteur s’élève à dix centimes par kilomètre et par passager, avec un minimum de 2,50 €. En Île-de-France, ce minimum est de 3 € par passager. (2) Pour les abonnés en formule Libertan illimitée, le service sera inclus. Pour les abonnés en formule Libertan sur mesure, le covoiturage coûtera le prix d’un trajet. Une offre existera aussi pour les non-abonnés à la Tan, en passant directement par Klaxit.

À partir de la fin de l’année, pour le prix d’un ticket de tram, on pourra aussi payer son covoiturage, via la carte Libertan.
À partir de la fin de l’année, pour le prix d’un ticket de tram, on pourra aussi payer son covoiturage, via la carte Libertan.Photo : Ouest-France

Recueilli par Claire DUBOIS.