Les Verts, premier parti d’opposition à Strasbourg ?

Peu de monde s’attendait à un score aussi large pour la commission d’Ursula von der Leyen, confirmée ce mercredi à Strasbourg : 461 pour, 157 contre, 89 abstentions. Elle fait bien mieux qu’en juillet (383 pour), et mieux aussi que son prédécesseur Juncker (423 voix pour, en 2014).

Ce vote met un terme à une séquence de transition ultra-chaotique ouverte en mai dernier, et marquée entre autres par la bagarre des dirigeants européens sur le cas Manfred Weber (ex-candidat à la Commission, bloqué par Macron à l’été) puis le rejet plus spectaculaire de Sylvie Goulard (ex-candidate à la Commission, soutenue par Macron à l’automne).

Sur le fond, rien n’est réglé : les majorités s’annoncent difficiles pour l’ex-ministre de la défense allemande, dans un parlement aux forces éclatées et déterminé, semble-t-il, à exister davantage à Bruxelles. Le principal enseignement de la journée est peut-être l’abstention des Verts, quatrième force de l’hémicycle, et qui deviennent ici le premier groupe d’opposition à la Commission – « opposition constructive », a pris soin de préciser leur co-présidente Ska Keller à la tribune ce matin.

On se souvient que les Verts s’étaient engagés, dès juin, avec les conservateurs, les sociaux-démocrates et les libéraux, pour tenter de formaliser une feuille de route à quatre, qui aurait servi de socle au futur exécutif européen. En vain.

Keller a rappelé mercredi la liste des désaccords avec l’exécutif von der Leyen pour justifier l’abstention de son groupe. Parlera-t-elle encore avec la même fermeté, si les Verts allemands, portés par les sondages, devaient bientôt former une coalition à Berlin avec la droite d’Angela Merkel ? C’est l’une des inconnues qui plane sur ce début de mandat.

Mediapart Ludovic Lamant