Lundi 25 novembre 2019, le préfet de Mayenne a suspendu une partie des activités de l’entreprise Aprochim, située à Grez-en-Bouère, dans le sud-Mayenne. La raison ? Des dépassements de normes en PCB. Le site est classé Seveso seuil haut.
Le préfet de la Mayenne, Jean-Francis Treffel, a signé lundi 25 novembre 2019 un arrêté qui suspend une partie des activités du site d’Aprochim (groupe Chimirec), à Grez-en-Bouère. Classé Seveso, l’entreprise y traite des déchets souillés par du PCB, notamment des transformateurs électriques. Ce dérivé chimique utilisé pour l’isolation peut représenter un danger pour la santé, en contaminant la chaîne alimentaire, passant de l’herbe au lait, puis à la viande. Il est donc soumis à des normes strictes.
« Pas de risque sanitaire », assure la préfecture de la Mayenne
Un seuil de présence dans les herbages voisins de l’usine a été fixé à 1,25 picogramme/gramme. « Il a été dépassé à plusieurs reprises, de manière ponctuelle, depuis août 2018, précise la préfecture de Mayenne. Sont ainsi suspendues toute opération de vidange ou de traitement des transformateurs électriques contenant des polychlorobiphényles (PCB), sous 24 heures ; ainsi que la prise en charge de transformateurs contenant du PCB, au terme d’un délai de huit jours. » Les dernières analyses « ne montrent pas de risque sanitaire pour les populations habitants à proximité », assure toutefois la préfecture.
Le directeur général du groupe Chimirec, Didier Gauthier, dénonce « un niveau de tolérance zéro de l’administration » et regrette que ce site soit « marqué au fer rouge ». Pour lui, les dépassements sont à relativiser, puisqu’ils ont eu lieu au mois d’août, pendant la canicule, une période où la volatilité du PCB est très importante à cause de la chaleur.
Pas de dépassement dans les viandes et le lait
Jean-Pierre Le Scornetconsidère cet arrêté comme « une mesure de précaution à saluer ». Le conseiller régional PS de la Mayenneajoute : « Suite à la catastrophe qui s’est produite à l’usine Lubrizol de Rouen, la priorité absolue des pouvoirs publics doit être d’assurer la sécurité des populations, mais aussi la préservation des animaux d’élevage et des cultures. »
« La suspension partielle pourra être levée sur la base des actions proposées par l’exploitant ou des résultats de nouveaux prélèvements, ajoute le représentant de l’État, qui constate l’absence de dépassement des seuils de PCB dans les viandes et le lait des exploitations voisines. »
Des mesures de surveillance particulières ont toutefois été mises en place pour les activités agricoles les plus proches du site (fourrages, élevages) et des viandes issues de jeunes animaux de trois élevages bovins sont interdites à la consommation, car les troupeaux présentent des taux élevés. Du côté de Chimirec on se veut rassurant : « Ce site a des impacts qui s’améliorent et il est jugé par de nombreux experts comme étant assez exemplaire », insiste le directeur général.
La société déjà condamnée pour pollution
Le juge des référés du tribunal de grande instance de Laval (Mayenne) avait condamné Aprochim, le 10 avril 2019, à respecter ses obligations sous astreinte de 10 000 € par dépassement, à la demande de trois associations de protection de l’environnement. La Fédération pour l’environnement 53 pointait « une succession de dépassements des normes de pollution sur les herbages depuis plus de huit ans. »
Didier Gauthier dit « envisager très sérieusement un recours » contre cet arrêté du 25 novembre.
Ouest-France Victor BRETONNIER.