
Dimanche 19 juin, la quatrième circonscription de Loire-Atlantique a basculé dans le camp de l’écologie. Julie Laernoes, élue députée avec 58,03 % des suffrages exprimés, a répondu à nos questions, l’occasion de mieux cerner sa manière d’aborder cette XVIe législature.
Europe Écologie Les Verts Pays de la Loire : Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Julie Laernoes : Je m’appelle Julie Laernoes, j’ai tout juste 40 ans et j’ai deux enfants. Je suis née aux Pays-Bas, d’un père fonctionnaire territorial et d’une mère française institutrice. Trilingue, passionnée par la lecture et le sport, j’ai grandi avec cette double culture.
Saisie par les mots de Severn Suzuki au Sommet de la Terre à Rio en 1992, je n’ai jamais compris pourquoi le monde des adultes ne réagissait pas aux constats du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. Je me suis alors promis que je m’engagerai pleinement dans ce combat-là plus tard.
Après une année d’histoire à la Sorbonne à Paris, j’ai choisi de faire des études en sciences politiques et droit international à Utrecht que j’ai terminées à Paris avec une spécialisation en affaires européennes. Derrière, tout s’est enchaîné rapidement avec un engagement politique auprès de Dominique Voynet en tant qu’assistante parlementaire au Sénat puis cheffe de cabinet à Montreuil. Ce fut une période riche d’enseignements politiques et humains.
As-tu exercé des mandats électifs avant cette élection ?
Arrivée à Nantes en 2010, j’ai dirigé la campagne d’EELV aux régionales en Pays de la Loire, avant de prendre la coordination du groupe des élu·e·s écologistes et citoyens à la Région pendant 5 ans. Ce fut une période extrêmement importante dans mon parcours, où j’ai trouvé un ancrage local et noué des liens avec les militant·e·s EELV de toute la région. Ce fut aussi un mandat de combat. Le groupe écologiste a porté à bras le corps les thématiques qui nous sont chères comme l’agriculture, l’environnement, l’énergie mais aussi la lutte contre Notre-Dame-des-Landes.
En 2014, je décide de me porter candidate sur la liste des écologistes et citoyens pour les élections municipales, avec une véritable envie d’infléchir et d’agir directement sur les politiques publiques locales. Ce fut un mandat passionnant en tant que Vice-présidente en charge de la transition énergétique, du climat et du développement durable.
Ma détermination : utiliser tous les leviers en tant qu’élue pour anticiper, protéger et agir avec les habitant·e·s et les associations. C’est dans ce sens que nous lançons un grand débat citoyen sur la transition énergétique. C’est aussi voir se concrétiser des projets comme la construction d’une des plus grosses centrales photovoltaïques sur les toits du MIN avec une partie en autoconsommation gérée par un collectif citoyen. Ce fut également un mandat de combat, où nous avons fait tomber des projets inutiles comme YelloPark ou défendu la mise à l’abri de chacune et de chacun de manière inconditionnelle.
En 2020, je mène la liste écologiste et citoyenne pour les élections municipales. Nous obtenons près de 20 % des suffrages dans un contexte inédit de COVID. Forts de cette responsabilité, nous écrivons un programme fusionné où nous ferons abandonner des parkings en centre-ville, mettrons au premier plan la dignité et la solidarité en mettant en œuvre le 1 % du budget métropolitain dédié à la mise à l’abri. Notre groupe politique devient plus fort et occupe aujourd’hui des postes clés que ce soit dans l’écologie, l’éducation et la petite enfance ainsi que le social avec la mise à l’abri et la démocratie avec la création des budgets participatifs. L’équipe est forte, solide et ambitieuse. Je suis très fière d’avoir été à leurs côtés.
Comment s’est passée cette campagne, et notamment les premières semaines, bousculées par les négociations qui ont donné naissance à la Nouvelle union populaire écologie et sociale (Nupes), entraînant pour ta part un changement de circonscription (de la 2e à la 4e) ? Quelle vision de la Nupes as-tu ? Comment travailler ensemble tout en gardant les spécificités des uns et des autres partis engagés ensemble ?
Les électrices et électeurs de gauche ont passé un message clair aux politiques lors des élections présidentielles : rassemblez-vous ! Nos partis : la France Insoumise en 1er lieu, le Pôle écologiste, le PCF ainsi que le PS ont su réaliser ce qui semblait impossible quelques mois auparavant. Cela a créé un réel espoir face aux besoins criants de changement : la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale.
Ma circonscription est riche et diverse par les préoccupations importantes qui la traversent comme le logement, l’accès aux services publics, les mobilités, les pollutions, les emplois, le maintien de terres agricoles et naturelles, la santé… Mais aussi par sa géographie avec des parties urbaines et des quartiers populaires et d’autres communes plus rurales.
La campagne fut courte, intense et passionnante. Le premier challenge après l’accord passé à Paris était de travailler toutes et tous ensemble au local. C’est dans ce sens que j’ai monté avec mon incroyable suppléant, Hervé Camus, un comité d’animation politique. Il s’est réuni toutes les semaines avec l’ensemble des composantes politiques et associatives des communes de notre magnifique circonscription. Un lieu important pour recréer du lien et agir ensemble.
J’en retiens une incroyable énergie qui a permis de s’ouvrir les uns aux autres. Je tiens à remercier sincèrement tou·te·s les militant·e·s qui se sont engagé·e·s à mes côtés. C’est grâce à cet élan collectif que nous avons gagné ! Mais ce n’est que le début ! Il ne faut bien évidemment pas s’en arrêter là. Nous allons faire vivre le comité d’animation politique sur le mandat, travailler à des assemblées populaires plus larges et je contribuerai également à faire vivre cette formidable union des gauches et des écologistes à Paris.

Quel genre de députée seras-tu ? Si tu pouvais faire adopter en urgence trois textes de lois, quels seraient-ils ?
Pour ce qui est de mon mandat, je souhaite être une députée de terrain et de combat. Parmi mes priorités de la rentrée, j’en retiens trois :
• La création d’un cadre réglementaire pour les particules ultra fines et le renforcement des mesures de prévention et de réparation des personnes exposées aux particules fines. L’enquête sur la qualité de l’air aux abords de l’aéroport menée par Air Pays de la Loire révèle une qualité de l’air très dégradée. Malheureusement, il n’existe pas de cadre réglementaire dans le droit français pour limiter le développement de l’aéroport et protéger la santé des riverains.
• La loi pouvoir d’achat qui va être étudiée dès la première semaine de juillet à l’Assemblée nationale. Nous n’accepterons pas les mesures de rustine ou les faux semblants. Notre programme reste le même : le blocage des prix sur les biens de première nécessité, l’augmentation du SMIC et la création d’une allocation jeunesse pour permettre à chacun de vivre au-delà des seuils de pauvreté.
• La constitutionnalisation du droit à l’avortement et à la contraception pour éviter tout recul des droits des femmes dans un contexte de montée du rassemblement national et de la droite extrême.
Un mot pour les adhérent·e·s d’EELV en Pays de la Loire ?
Simplement un énorme merci ! Nous en avons mené des campagnes et des batailles !
Avec Jean-Claude Raux, nous avons une responsabilité particulière dans notre département. Aussi, n’hésitez pas à nous solliciter comme nous continuerons à vous solliciter. La politique est et doit toujours demeurer un sport collectif ! Les urgences sont là, nous devons donc redoubler d’inventivité, d’action et d’effort. C’est à quoi je me suis engagée grâce à vous !