Dans une lettre adressée aux militant·e·s EELV, Véronique Rey-Thibault, élue d’opposition à Saint-Brévin-les-Pins, réagit suite aux événements intervenus ces derniers mois dans cette commune littorale de Loire-Atlantique et appelle toutes et tous à participer à la marche prévue le 24 mai prochain.
Nous partageons ci-dessous sa lettre :
L’annonce de la démission de Monsieur Morez, maire de Saint-Brévin-les-Pins depuis 6 ans, a été un un électrochoc. Après 32 années de vie sur Saint-Brévin, il décide de mettre fin à son mandat, de quitter son cabinet de médecin et sa ville d’adoption.
Il part après avoir fait front avec courage, fermeté et humanité pendant de très longs mois à un activisme anti-Cada (Centre d’accueil de demandeurs d’asile) redoutable, et nous ne pouvons que comprendre sa décision.
Il part alors que les menaces et intimidations inadmissibles qu’il recevait, depuis plus d’un an, lui, mais aussi d’autres acteurs de la commune, relevaient pour la gendarmerie « de l’exercice de la liberté d’expression », n’entraînant donc ni poursuites, ni protection pour les victimes. Des plaintes ont néanmoins été déposées pour incitation à la haine…
Il part après avoir subi, lui et sa femme, une attaque criminelle en pleine nuit qui aurait pu avoir des conséquences absolument dramatiques. Il part pour n’avoir reçu, après cette agression, que très peu de soutien des pouvoirs publics et une protection à minima des forces de l’ordre.
Il part alors que l’État, en la personne du préfet, ne s’est pas mobilisé ni avant, ni après l’attentat pour venir assumer auprès des Brévinois le projet de transfert du Cada. Alors que depuis plus d’un an, des tracts nauséabonds sont régulièrement diffuser dans Saint-Brévin, autour des écoles et sur les marchés. Devons-nous nous en étonner tant la politique de l’État Macron-Darmanin sur le sujet du droit d’asile et de l’accueil des exilés est équivoque ?
Il part sans avoir reçu de soutien un tant soit peu consistant du député Renaissance, pourtant maire de Saint-Brévin pendant plus de 10 ans et aujourd’hui encore conseiller municipal. Celui-ci a pris grand soin de ne jamais s’exprimer sur le sujet du Cada et sur l’accueil des exilés, cultivant la même ambiguïté que son parti. Pourtant ce monsieur Haury bénéficie auprès des habitants de notre ville, d’une côte de confiance importante. 57 % des Brévinois ont voté pour lui en juin dernier. Croyez-vous qu’il aurait profité de cette aura pour calmer le jeu ? Au contraire il a porté mollement et comme à son habitude un discours ambivalent, surte de « oui, mais… » des plus détestables.
Enfin il part après avoir demandé, en vain, l’interdiction d’une quatrième manifestation des anti-Cada, le 29 avril. Pourtant la déclaration de manifestation émanait de personnes connues pour leurs liens avec des groupuscules d’extrême droite. Pourtant la précédente manifestation anti-Cada du 24 février avait drainé des groupes de l’ultra-droite et avait assurément été cause de trouble à l’ordre public. Libé décrivait alors une trentaine de hooligans de noir vêtus, visage masqué, parapluies, narguent courageusement les antifas derrière le cordon de CRS qu’ils applaudissent dès que ces derniers lancent un fumigène ou une charge. Croix celtiques et autres graffitis suprémacistes. Slogans entendus : le très fasciste « Europe, jeunesse, révolution ! », et « On entend plus chanter Clément Méric ». Mais surtout l’incendie criminel datait d’à peine 5 semaines. Comment le préfet a t-il pu autoriser, dans ces conditions, des groupuscules haineux à organiser une nouvelle manifestation ? Comment ne pas s’être senti abandonné ?
Et maintenant ?
Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour la marche du mercredi 24 mai organisée en soutien à Monsieur Morez, en soutien au Cada, pour dénoncer la banalisation de l’extrême droite, demander à l’État de se tenir au côté des associations et des élus pour un accueil digne. Nous espérons beaucoup de monde de l’extérieur mais aussi de Saint-Brévin. La population brévinoise est très marquée à droite, je n’arrive pas à sentir sa capacité de mobilisation.
Le Cada doit s’ouvrir comme prévu en décembre de cette année. Les travaux de réhabilitation des anciennes colonies avancent normalement. Le Collectif des Brévinois attentifs et solidaires continue comme depuis sept ans à accueillir de nombreux exilés en relation avec l’association Aurore et d’autres associations du territoire. Il a renforcé ses rangs depuis quelques mois et prépare une grande fête de l’Accueil en septembre.
Comme conseillers municipaux d’opposition nous allons continuer à soutenir la municipalité, sur le sujet du transfert du Cada, tant que celle-ci s’inscrira dans la continuité avec la politique de Monsieur Morez.
Le plus urgent c’est aussi qu’une nouvelle manifestation anti-Cada ne puisse pas avoir lieu, ni à Saint-Brévin, ni ailleurs. C’est pourquoi nous sommes en train de préparer un dossier sur les événements qui se sont déroulés le 29 avril : des néo-fascistes cagoulés ont été accompagnés, encadrés protégés par un cordon de gendarmerie. Ils avaient apporté des pavés, qu’ils lançaient sur les manifestants venus protester contre leur venue. Pendant que les lacrymos étaient déversées sur ces même manifestants. Une journaliste de l’AFP de Nantes en atteste ainsi que des vidéos de Ouest France. Nous recherchons et souhaitons compiler tous les témoignages possibles afin d’étayer une éventuelle demande d’interdiction, car ne nous y trompons pas : les anti-Cada n’ont pas encore abdiqué. Nous espérons que la prise de conscience après les manifestations parisiennes du 6 mai aient changé la donne en matière de gestion des manifestations de l’ultra-droite.
Enfin, je voudrais dire un immense merci à toutes et tous, pour votre soutien, vos messages de jour comme de nuit !! Lucie, Colin, Judith, Mahel, Jean-François, Michel, Corine, Marine, Ombeline, Muriel, Franck, Mathieu… J’en oublie forcément, MERCI !! Sans vous, j’aurais certainement baissé les bras. Un parti ce sont des idées mais c’est surtout, des hommes, des femmes je vous suis très très reconnaissante pour votre présence, votre aide, pour votre respect du collectif brévinois, le CBAS…
Véronique Rey-Thibault, élue municipale de Saint-Brévin-les-Pins
Si vous ne l’avez pas fait, il est toujours possible de signer la pétition « pour une conférence citoyenne » encadré par le CESE pour un débat dans la sérénité, pour un débat apaisé.
Ce lundi 15 mai, la coordination départementale EELV de Loire-Atlantique a également publié un communiqué, que vous pouvez lire ci-dessous :